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 moins paraît l'établir le post-scriptum d'une leltre de d'À-
lembert à Bourgelat, en date du 30 janvier 1755.
   Déjà réputé par son savoir et connu par ses écrits, il ne
pouvait larder à trouver place à l'Académie ; les portes lui
en furent ouvertes en 1763.11 justifia plus tard cet honneur
par l'hommage de nombreux tributs ; nul d'ailleurs n'en était
plus digne : il lisait toutes les langues de l'Europe, professait
la physique avec distinction, et pouvait être compté au nom-
bre des mathématiciens habiles et surtout des naturalistes
distingués dont Lyon possédait alors un assez grand nombre.
   Combien de fois, seul ou avec ceux dont les goûts étaient
sympathiques, n'avait-il pas parcouru nos plaines si riches
et si variées, nos montagnes si intéressantes, pour leur
dérober les nombreuses espèces de plantes qu'elles voient
éclore ? quelquefois ces excursions se prolongeaient au delà
des limites du Lyonnais. Un jour, entre plusieurs de ces
amis de Flore, fut arrêtée une herborisation à la Grande Char-
treuse. L'abbé Castiglion, grand vicaire de M. de Monlazet,
Le Clerc de la Colombière, Latourelle, Tissier et quelques
autres composaient cette caravane, dirigée par le docteur Gi-
libert. Après avoir parcouru dans tous les sens le désert de
St. Bruno, ces naturalistes prirent la route du Sappey et
descendirent à Grenoble, ayant sous le bras, dans de volu-
mineux portefeuilles, les richesses végétales dont ils avaient
fait la conquête. Le nombre de ces voyageurs, la singula-
rité de leur costume, ces sortes de registres dont ils étaient
chargés, tout contribua à aiguilloner la curiosité des habi-
tants de l'ancien Cularo et à mettre leur imagination en
travail. On était alors à cette époque où le chancelier Mau-
peou essayait son fameux coup d'état : on prit nos inconnus
pour des huissiers de la cour venant instrumenter contre le
parlement delà province, et,le soir, ils furent hués au spec-
tacle où ils s'étaient rendus. Quelques mots d'explication
suffirent pour tirer d'erreur le peuple grenoblois : des ex-
cuses furent faites à nos savants ; ils ne tardèrent pas à rire