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199 Quand de son trône d'or, l'astre qui nous éclaire, Au sein d'une humble source a plongé ses rayons, L'onde, où se réfléchit sa splendide lumière, Roule un instant ses feux dans sa courte carrière Et brille de ses dons. Ainsi, quand ton génie éclairant ma jeunesse, M'inonda toul-à coup d'ineffables clartés, Mon âme à ses rayons s'ouvrant avec ivresse, Mêla tous ses accents de joie ou de tristesse A tes sons enchantés ; Ainsi, comme un écho, ma voix s'est fait entendre, Et dans mes faibles chants s'il est quelque douceur, Oh ! c'est qu'alors ton souffle harmonieux et tendre, De ce parfum divin, que toi seul sais répandre, Avait rempli mon cceur. Il se trouve à Agen un coiffeur, qui mit au jour, en 1835, un volume in-8° de poésies en patois languedocien, sous le titre de Las Popillotos de Jasmin coiffur. Deux critiques d'un goût sûr et élevé, MM. Nodier et Sainte-Beuve, ont assigné à l'auteur de ces Papillotes une place distinguée parmi nos poè- tes, et c'est à bon droit, car il est difficile de rencontrer en aucune langue quelque chose d'aussi neuf, d'aussi original et d'aussi saisissant que la plupart des compositions de M. Jasmin. Aux derniers jours de 1838, on parla de la déplorable fin d'un autre Gilbert, mort aussi à l'hôpital, dans le dénument et la douleur. Les inutiles preneurs de sa muse, ceux-là même qui l'eussent repoussée vivante, avec son frais Myosotis^ jetè- rent sur la tombe du poète ces larmoyantes phrases qui coûtent si peu, et élevèrent de rudes plaintes contre une so- ciété au sein de laquelle venait d'expirer, pauvre et délaissé, un homme jeune encore, mais que l'inconduile avait préci- pité dans la tombe. Hégésippe Moreau était né avec une merveilleuse organi-