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    — Mais.... oui, ajouta l'officier interdit par ce présage d'une
opposition sérieuse.
   —D'où le vient, demanda Méhémet, d'où te vient une pré-
somption si grande ? ton expérience ne compte pas de bien
longues années, j'imagine.
   —Excuse ma jeunesse, dit l'officier avec respect, mais il
me semble que les hommes n'ont pas été créés pour mener
perpétuellement une vie errante. Les trésors de leur intelli-
gence, les perfections de leur ame ne se développent qu'au
sein des sociétés nombreuses; car c'est là, seulement, que
peuvent avoir lieu la fusion des esprits et l'échange des idées.
L'arabe ne me paraît remplir sa destinée qu'imparfaitement.
Une place plus brillante lui est assignée parmi les peuples.
Déjà possesseur d'antécédents glorieux, pourquoi refuserait-il
de rattacher un passé plein d'éclat à un avenir plus éclatant
encore?
   —Paroles vaines que tout cela ! Qu'est-ce que l'homme
peut désirer de mieux que ces deux choses : être juste, d'abord;
être heureux, ensuite ? dis moi, ami, vous jouissez donc d'une
félicité bien rare pour tenir si fortement à nous la faire par-
tager ?
   — Notre bonheur est plus grand que le vôtre sans aucun
doute.
   •—Tes propos annoncent l'orgueil et l'aveuglement, jeune
homme ; tu crois ce que lu dis, mais ce que lu dis n'est pas,
j'en suis certain.
   —Eh! comment, le saurais-tu ? les yeux n'ont pu voir les
merveilles évoquées par le génie européen. Il reste beaucoup
à faire, j'en conviens, mais les prodiges se multiplient chaque
jour sur les pas d'une civilisation ascendante
   — Ne me parle donc pas de la civilisation, interrompit le
patriarche avec une légère impatience, je l'ai vue de trop près
pour ne pas savoir ce qu'elle vaut.
   — Quoi! s'écria le français étonné, Méhémet connaîtrait-il
 ma patrie i1