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                                  ÃV1
 que les siennes. Aussi, en voie de gagner de la fortune maté-
rielle et de la gloire, après avoir écrit son nom sur deux basi-
liques que la capitale envie à notre auguste cité de Lyon, fêté,
caressé d'abord par l'opinion p u b l i q u e , qui m ê m e , dans ces
derniers temps, ne fut jamais aussi sévère pour lui qu'il l'était
pour e l l e , Pollet ne trouva jamais ce dont toute ame a besoin
pour vivre. — Que lui manqua-t-il d o n c ? . . . Le bonheur. Nul
artiste provincial ne fut mieux servi que lui par les circons-
tances et par les hommes, pour la goûter sans mélange ,
cette terrestre félicité; et lui qui, par la pensée , couronnait le
front de Saint-Nizier et élevait jusqu'au ciel une flèche qui de-
vînt jumelle de celle qui existe ; lui qui travaillait aux églises
avec la foi, le dévouement, la passion d'un maître-de-l'œuvre
du moyen-âge, il ne sut ou ne voulut jamais se baisser pour
ramasser le b o n h e u r , c e t ineffable trésor qui était à ses pieds!
Ses talents avaient grandi dans l'étude, dans la pratique de son
art, dans la lutte même qu'il soutenait contre l'humanité, seul
sous sa bannière, dans les guerres qu'il avait commencées sans
provocation; mais aussi sa présomption avait marché à pas de
géant et mis dans son ame le germe de mort qui vient de
l'emporter. Sans doute il ne fut pas toujours compris ; il eut
droit de s'irriter de quelques injustices ; il dut souffrir de voir
qu'on lui préférât, en bien des circonstances , des architectes
sans portée : mais quels hommes sont arrivés à la gloire, au r è -
gne, sans avoir entendu hurler sur leur chemin, sans y avoir
rencontré des fourbes, des méchants et des sots? — Il s'était
fait un vocabulaire à son usage, et les qualifications de van-
dale, welche, crétin, passaient trop souvent de sa tête sur ses
lèvres. De là vint que plusieurs de ses projets furent éloignés,
que plusieurs restauraLions monumenlaires importantes lui
furent retirées : on eut le tort de ne pas isoler l'homme de
l'artiste, et ce tort, ce sont les monuments qui l'expient.

   Pollet avait un véritable génie comme architecte : on ou-
bliera son caractère, pur d'ailleurs de tout mensonge, de
toute bassesse, de toute perfidie; ses Å“uvres resteront. Il