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9o mancière et de la chronique naïve pour entrer dans des voies plus larges, lorsque la France entra à son tour dans le mouvement de réaction littéraire qui se conti- nuait en Italie. En France, non plus qu'en Italie, les traditions antiques n'étaient pas oubliées, mais ce n'était qu'un écho impar- fait, un assemblage informe de doctrines étrangement dé- naturées par la scholastique des universités et les rêveries du cloître. Aristote, incompris quelques ouvrages de Ci- céron, Virgile, Ovide, Térence, tel est à peu près le ba- gage littéraire en circulation dans le monde du moyen- âge. M a i s , quand au milieu du XVTe siècle, les ma- nuscrits sortirent de leur poussière, que les découvertes succédèrent aux découvertes et que Conslantiuople eut confié à l'Occident la parlie la plus chère de ses dé- pouilles, précieuse semence jetée sur une terre féconde, alors le monde sembla se réveiller et poussa un cri d'admiration à la vue de ces merveilles des temps an- tiques; on se jeta sur les legs d'Athènes et de Rome, on les étudia, on les dévora; mille mains les transcrivirent, et, comme un dessein de la Providence, l'imprimerie vint tout à point mettre au service de la science sa féconde activité. Saturés de grec et de latin, enthousiastes admirateurs d'Homère et de Virgile, les hommes d'alors se prirent à dédaigner la bonne et naïve littérature de leurs pères, si expressive, mais en même temps si vulgaire et si ba- varde. Les expéditions d'Italie donnèrent naissance en France à une foule d'idées nouvelles qui n'attendaient pour se produire qu'une forme, qu'un vêtement. La France, comme l'Italie, voulut aussi avoir une langue lit- téraire. Les esprits se mirent à l'œuvre et l'institution.