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66 ribles que lui portait l'ancienne. Quelquefois aussi c'étaient, non pas des gémissements, mais des accents d'allégresse que Rome martyre faisait entendre ; elle chantait alors ses triom- phes à venir. Du milieu du brasier qui rôtissait ses membres fumants comme l'encens sur les charbons de l'autel* le dia- cre Laurent exprimait des espérances et des vœux qui étaient ceux de la nouvelle Jérusalem, et que notre chantre des Couronnes, qui vint, après la victoire, célébrer les héros vic- torieux, traduisait dans les vers suivants : « 0 Christ, Dieu unique ! ô splendeur ! ô vertu du Père ! ô Créateur de la terre et des deux ! ô l'auteur de ces remparts ! « Toi qui plaças le sceptre de Rome au sommet des choses humaines, et qui voulus que l'univers cédât à la toge et se soumît aux armes des Romains ; « Afin que tant de nations divisées de mœurs, de coutumes, de langage, d'esprit et de sacrifices, fussent réunies sous une loi unique ; « "Voilà que le genre humain tout entier a passé sous l'em- pire de Rémus,- l'unité remplace maintenant la dissemblance des usages et des croyances. « Ainsi en avais-tu décidé, pour que l'univers fût enlacé dans une même chaine, sous l'empire du nom chrétien. « O Christ ! fais donc, en faveur de tes Romains, fais qu'elle soit chrétienne cette ville, l'instrument et le centre de l'unité pour les autres villes qui t'invoquent. « C'est en elle que les membres se réunissent dans un sens tout mystérieux. Le monde a subi la loi de douceur ; que sa capitale superbe la subisse également. « Qu'elle regarde les contrées les plus lointaines, se réunis- sant sous le joug de grâce ; que Romulus devienne fidèle, et que Numa s'abaisse devant la foi. « Les successeurs des Calons (1) supplient encore, en [l) Catonum curia, pour désigner les plus nobles e! les plus sages d'entre les Romains.