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63 gloire de quelqu'un des nôtres, sans que n'eût coulé quel- que noble sang. Toujours le nombre des martyrs s'accrul à chaque tempête (1). « Toi, Vincenlius, qui devais être martyrisé ailleurs que dans ta patrie, ne montras-tu pas ici, par une légère effusion de ton sang, quels supplices tu serais capable de souffrir, quand le trépas viendrait. Le jour où tu mourus, tes concitoyens l'honorent comme si le sol de ta patrie avait tes ossements, comme si une tombe y protégeait les cendres du bienheureux martyr. « II est à nous, quoique sa tombe victorieuse se trouve dans une cité étrangère près de l'antique Sagonle. « Il est à nous ; c'est dans notre palestre que, jeune encore, il se vit façonné à la vertu, qu'il fut oint de l'huile de la foi, et qu'il apprit à dompter l'horrible ennemi. « Il savait que, dans celte ville, dix huit martyrs obtinrent la palme triomphale. Animé p a r l a pensée des victoires de sa patrie, il ambitionna les mêmes honneurs. « C'est ici, ô Encratis (2), ici que reposent tes ossements, et que respire le souvenir de ces verLus par lesquelles , vierge courageuse, tu couvris de honte l'esprit d'un monde méchant. « Jamais il n'était arrivé qu'un martyr, tenant à conserver la vie, restât sur notre terre ; toi seule, survivant à ton propre trépas, tu vis encore dans notre monde caduc. « Tu vis et lu racontes ton supplice ; tu regardes les débris de ta chair meurtrie, tu dis combien son t profonds les sillons de tes affreuses blessures. « Un bourreau cruel a déchiré les flancs ; le sang ruisselle, (1) C'est la pensée de saint Cyprien, lih. de Dupl. Martyr., et de Tertullien, Apologet., XLVHI. « Pluresefficimur, dit ce dernier, quoties metimur a vobis. Semen est sanguis Christianorum. » (2) Encratis mourut la même année et le même jour que les xvm martyrs de Saragosse.