page suivante »
54 Saragosse(l). Il nous dit lui-même que, dans sa jeunesse, il fréquenta le barreau, qu'ensuite il fut successivement préfet de deux villes, qu'il ne nomme pas, et qu'enfin il obtint un grade militaire auprès de la personne de l'empereur. Ces dé- tails sont assez vagues, mais ils renferment tout ce que nous savons delà vie de Prudence. A cinquante-sept ans, la ferveur religieuse lui fit quitter le monde. Ce fut alors qu'il composa ses ouvrages en vers, dont la plupart sont du genre lyrique, et destinés à être chantés dans les réunions des fidè- les. Quelques-uns sont didactiques, et ont pour objet les vé- rités delà religion. Parlons d'abord de ces derniers. Le poème intitulé Apothéose est dirigé contre les Palripas- siens et contre les Sabelliens, contre quelques autres héréti- ques, puis contre les Juifs. Il y a çà et là des pages éloquentes, comme celles qui commencent par ces mots : Blasmepbas Dominum, gens ingratissima, Christum (2). « Tu blasphèmes le Seigueur Christ, ô nation ingrate. » On y rencontre fréquemment la noble énergie que présen tentles vers suivants : Mortua jam mutae iugent oracula Cumœ, Nec responsa refevt Libycis in Syrlibus Âm:non Ipsa suis Christum Capitolia Romula mrerent Principibus lucere Deum, destructaque templa Iraperio cecidisse ducum. Jam purpura supplex Sternilur /Eneada: rectoris ad atria Christi, Vexillumque crucis summus dominator adorât (3). « Déjà pleurent les muets oracles de Cumes, et, dans les (1) Suivant Schœll, il est plus probable que Prudence naquit à Calahorra. Le P. Chamillard, qui a donné une bonne édition de ses œuvres, adopte le sentiment contraire. Dans l'hymne IV des Couronnes, le poète désigne, en effet, Calagurris par l'épilhète de noslra, mais il dit aussi nouer populus, nos- trce Cœsar-Âugustœ, en parlant de Saragosse. Nous serions volontiers de l'avis du P. Chamillard. (2) I'rudenlii Âpolheosis, pag. ô ï i . —• (3) lbid,, pag. 552,