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l'intérêt, en ce qu'ils nous présentent, en Matthieu De La Font,
le type du négociant lyonnais de son époque, actif et laborieux
instrument de sa fortune, et qui après avoir achevé cette grande
œuvre de sa vie, à force de prudence, d'application , d'intelli-
gence, se complaît dans les honneurs de la bourgeoisie, limi-
tant son ambition à la faveur d'un bon accueil au palais de
l'archevêque , du gouverneur ou de l'intendant, à un siège
parmi les juges de la Conservation ou les administrateurs de
nos hôpitaux, aux dignités de ITIôteî-de-Yille, et finalement au
titre de bienfaiteur des pauvres, au prix d'un legs après sa mort.
  Matthieu De La Font, né de parents pauvres, et resté de bonne
heure orphelin , débuta par le rôle de petit cîerc dans l'étude
du procureur Mélier. Un de ses oncles, négociant, l'enleva à
cette carrière pour l'employer dans son commerce. Le jeune
commis montra tant d'intelligence que, sa maison s'élant dis-
soute, une autre lui demanda aussitôt ses services pour l'en-
voyer en Espagne, à titre de son représentant. Il s'établit à
Gandie, dans le royaume de Yalence; c'élait un duché, presque
indépendant de la couronne d'Espagne, et appartenant à la
maison deBorgia. De La Font sut tout à la fois bien gérer les
affaires de ses commettants, et s'acquérir une grande faveur
personnelle, par d'adroites flatteries , auprès de la duchesse
douairière, Dona Maria Pons de Léon, qui gouvernait le duché
pendant la minorité de François Pascal de Borgia, son fils.
Grâces à cet a p p u i , il put entreprendre, pour son propre
compte, un commerce fructueux qui ne fut pas interrompu par
les guerres qui survinrent entre la France et l'Espagne. Il ob-
tint m ê m e , au fort de cette guerre, des passe-ports pour voya-
ger dans les Pays-Bas.
   Après une absence de quinze années, De La Font revint jouir
de ses richesses dans sa ville natale. Mais, dès son arrivée, une
fâcheuse affaire faillit le compromettre auprès de l'autorité.
Il avait connu, en Espagne, ce pays singulier, où le mélier de
bandit est, en quelque sorte, une profession sociale, un chef
de bravis, nommé Sernem, qui, à force d'exploits, s'était fait