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as main vers les panneaux, il glisse Je veux le saisir par les cheveux,.... une montagne d'eau se déferle sur nous; hommes, bâtiment, tout disparait. Lorsque jerevins au-dessus de l'eau, je sentis, enroulé dans les plis de la vague qui me balançait, un corps solide; j'y porte les mainset je me trouve sur un rocher. Je m'attache, je me cram- ponne, par un dernier instinct de conservation, aux aspérités, aux coquillages que je rencontre sur ce banc, et à mesure que la vague m'oublie et se relire un peu, j'avance, j'avance et bientôt j'arrive sur une pointe, où je pus lever la tête, ou- vrir les yeux et regarder. J'avais perdu, en tombant au fond de la mer, la mémoire de ma vie ; mes idées étaient confuses et troublées, mais bientôt les brouillards de mon cerveau se dissipèrent, et la vie revint à mon cœur, je jetai un œil égaré sur ces va- gues amoncelées autour de moi, cherchant quelque c h o s e , pensant à mon frère, et pleurant pour la première fois de ma vie, lorsque j'entendis des cris, et le bruit d'un navire qui fend l'eau, je me retourne, c'était la chaloupe anglaise qui bravait une mort imminente pour sauver des hommes qu'elle destinait à la mort. J'aperçus quelques-uns de mes camarades sur l'avant, les mains liées, les habits, les cheveux ruisselant de l'eau a m è r e ; la chaloupe venait à moi, mais elle ne m'apportait la vie et le salut que pour mieux se repaître de mon sup- plice. Les insensés! ils ne savaient pas que je préférais une mort p r o m p t e , une mort à moi, à celle qu'ils me destinaient. Je les laissai approcher jusque sur les récifs es- pérant un peu les voir sombrer mais dès qu'ils furent auprès de moi, je plongeai et disparus, m'abandonnant moi-même aux caprices des vagues. Elles me jetèrent avec leur écu- me sur les rochers où je me meurtris le corps. Quand j'ou- vris les yeux, j'aperçus le morceau de liège où ma p r o - p r e main avait enfoncé le poignard; je l'en arrachai avec un mouvement de joie féroce, croyant que Dieu lui-même me