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taille, où la mort ne s'arrête j a m a i s , il y a bien des hommes
qui portent en eux la trace de quelques crimes ; c'est le bap-
tême des fqrbans ; ils sont les rois de la m e r , ne puis-je pas
être du nombre ? .... L'homme d'ailleurs qui tombera sous ce
poignard, « et de son sein il lira un stylet aigu, qu'il tenait
dans sa main crispée, » cet homme, vous dis-je, a mérité la
mort devant les hommes, devant les lois de la guerre. Il
nous a livrés, nous, ses propres matelots, à nos implacables
ennemis pour sauver sa vie, le lâche ! J'ai juré d'être le ven-
geur de mes frères, oh ! c'est un noble but que celui-là,
croyez-moi, La pensée qui l'a formé augmente et grandit au
milieu des tempêtes ; chaque jour elle prend plus d'énergie,
chaque jour elle devient plus terrible et plus implacable
  Après celte violente apostrophe, il s'arrêta, sembla se cal-
mer et continua ;
   «Mon enfance, comme celle de la plupart des hommes a été
 turbulente, ignorante et entêtée. A quinze ans, connaissant à
 peine les premiers éléments des sciences, j'obéis à l'impulsion
 de mon caractère qui me portait loin des hommes vers les
 vastes champs de la liberté et des grandes émotions. J'étais
avide de voir, de connaître et de sentir. Je désertai le toit
paternel, et gagnant une ville maritime, je m'embarquai sur
le premier vaisseau qui leva l'ancre. Les débuts furent rudes
et pénibles ; mais ma force et mon enthousiasme triomphè-
rent de lout. Je devins bientôt novice et matelot. Des nou-
velles de ma famille vinrent encore augmenter mon courage.
Ma folle détermination avait pris une forme plus assurée et
plus positive. Devant moi s'ouvrait un brillant avenir. La
gloire et la fortune me tendaient également les bras. Je con-
tinuai donc avec opiniâtreté et succès cette vie si riche en
actions qui donne aux marins un cachet particulier de bizar-
rerie et d'originalité, quand ils changent pour quelque temps
leur plancher mobile contre le plancher solide de la terre.
Les terriens (terme de dédain donné aux hommes de terre
par les marins) ne savent pas combien il faut dépenser d'éner-