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— 476 — temps. Hippocrate était celui dont il s'était le plus profondément pénétré et qu'il a cité le plus fréquemment dans ses écrits. Stahl était encore un de ses auteurs de prédilection ; il a traduit sa physiologie et des frag- ments de sa pathologie. A cette traduction, remarquable par l'exactitude scrupuleuse avec laquelle est rendu le texte latin, il a ajouté des com- mentaires qui ne sont pas sans intérêt, et qui prouvent combien la doc- trine de Stahl lui était familière. « Dans un de ces commentaires, il prévoit l'envahissement et l'in- fluence des théories physiques sur la pratique de la médecine, ainsi que les écarts dangereux qui devaient naître de cette influence. « Ses idées, conclut son panégyriste, appartenaient donc au vitalisme, à cette doctrine vers laquelle aujourd'hui tous les bons esprits ont une tendance marquée, à cette doctrine féconde en principe sûrs et vrais, qui fait de l'art de guérir une science spéciale et du praticien le premier mi- nistre de la nature. La nature, en effet, guérit par des moyens d'un ordre très relevé et infiniment supérieur à tous ceux que fournissent les théo- ries physiques et chimiques, trop souvent mises à contribution pour ex- pliquer les phénomènes morbides ». Un autre chirurgien, dont l'éloge a été prononcé aussi par J.-P. Pointe, semble devoir être signalé en passant, Jean-Baptiste Desgranges1. Du moins le titre d'un de ses mémoires paraît y inviter, Observations sur les Effets remarquables d'une forte Affection de l'Ame concentrée toute entière sur un Objet et Maladies extérieures qui en dépendent*. i. On rencontre parfois de curieuses histoires en feuilletant des livres. La vie de Desgranges est assez mouvementée pour mériter à elle seule l'attention. Il naît à Mâcon, en 1751, où son père était échevin, et c'est dans cette ville qu'il fait son apprentissage en chirurgie, comme on disait alors. Interne du Grand Hôtel-Dieu de Lyon, il est agrégé au Collège royal de chirurgie en 1779 et docteur de l'Université de Va- lence en 1788. Durant le siège de Lyon, il joue un rôle actif, organise deux hôpitaux militaires, l'un dans l'Eglise Saint-Louis, l'autre dans celle des Cordeliers de l'Observance. Forcé de fuir pour éviter les repré- sailles jacobines, il se fixe à Morges et reçoit un accueil flatteur des diverses sociétés savantes de la Suisse. Rentré à Lyon, il s'occupe « activement », disent les textes, de diverses questions d'organisation munici- pale. C'est ainsi qu'on lui doit la suppression des crieurs du réveille-matin, « dont l'existence remontait à la plus haute antiquité, mais n'en était pas moins compromettante pour le repos et la santé des habitants, ainsi que pour le rétablissement des malades. L'un des siens ayant été victime de la frayeur que lui avait causé la voix sinistre et lugubre de ces crieurs qui, s'accompagnant encore du son aigu d'une cloche, exhortaient, à toutes les heures de la nuit, les catholiques à prier pour les trépassés, Desgranges profita de cette circonstance et adressa à l'autorité une demande dont le succès fut complet ». 2. Nous n'avons pas pu lire cette étude.