Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                      — 493 —
l'effet manifeste à sa cause latente et cachée, de lier des rapports de cause
à effet, rend bien rares les vrais physiologistes. C'est par l'étude des phé-
nomènes et des faits, c'est en remontant à leur cause, c'est en leur faisant
l'application d'une logique sévère, que nous établirons la réalité et la puis-
sance de ce principe (le principe vital).
      « Pour se soutenir, la vie a besoin, il est vrai, de l'assistance de tous les
êtres avec lesquels elle est en rapport ; elle s'éteint si elle brise ces relations.
Mais, dans ce fait, nous ne devons voir que l'association de tous les êtres
pour concourir à l'harmonie universelle et non une preuve que ce prin-
cipe n'est rien ou n'existe pas, puisqu'il serait dépendant des causes phy-
siques et chimiques.
      « L'existence de ce principe est donc un fait que personne ne peut
nier. Les physiologistes ont toujours été d'accord sur ce point... ».
       On le voit, Brachet ne craignait pas de répéter que les faits mêmes
rendent évidents les caractères spécifiques de la vie ; ce n'est pas affaire
de raisonnement ni hypothèse, mais une toute première constatation.
       Remarquons aussi qu'il insiste sur l'unanimité des physiologistes à
faire cette observation.
       Mais il ne tombe pas dans l'erreur qui consisterait à croire que la vie
peut se passer des conditions physiques et chimiques dont elle a besoin.
Il aurait pu ajouter que, entre une condition et la cause d'un phénomène,
il y a une grande différence, sur laquelle insistait la philosophie tradi-
tionnelle, mais que, malheureusement, l'ignorance de cette doctrine
avait fait oublier. Comme Claude Bernard le rappellera, dans une page
trop peu connue du Rapport sur la Physiologie générale, le physiologiste
ne peut rien comprendre à la vie s'il n'est habitué à faire cette distinction
entre cause et condition. Brachet, déjà, exprimait une idée similaire :
       « ...Il n'est pas vrai qu'il faille absolument choisir entre le vitalisme
et le physicochimisme. La nature n'impose point de choix. Elle se pré-
sente telle quelle dans notre organisation et nous devons l'y reconnaître
et l'y accepter avec toutes ses qualités. L'absence de vitalisme réduirait
la physiologie à bien peu de chose, elle l'annihilerait... ».
       A qui lui aurait reproché de sortir du domaine de la physiologie en
étudiant ces problèmes, Brachet répondait par avance qu'il lui suffit de se