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vais, on obtient 50 % de réussites en tirant au hasard. Je reste très scep-
tique, car le contrôle est alors presque impossible.
     Je me suis efforcé d'approcher autrement, dans les statistiques sui-
vantes *, d'un pourcentage que l'on puisse qualifier de au hasard : on choi-
sit au préalable un jeu d'expressions simples, beau, nuageux, couvert»
averses, orageux, etc.. pour caractériser le temps.
      Première expérience. — Si l'on prédit pour le lendemain le temps de
la veille, Rouch prétend que le contrôle lui donne 40 % de bonnes prévi-
sions, 40 % de passables et 20 % de mauvaises.
      Mais peut-on prévoir, pour demain, le temps qu'il fait aujourd'hui ?
      J'ose dire que la chose n'a aucun sens.
      En effet, l'un dans l'autre, c'est au milieu de la journée (mettons à
 midi) qu'il faut prévoir le temps du lendemain, afin d'avoir le temps de
transmettre utilement la prévision : alors, on ne connaît pas le temps d'au-
jourd'hui, car il est impossible, par les caractéristiques de la matinée, de
 définir le temps de toute la journée. Veut-on dire alors que, connaissant
le temps qu'il a fait aujourd'hui, à minuit, on va indiquer le temps qu'il
fera pendant les 24 heures suivantes ? La question n'a pas davantage de
 signification même si, ainsi posée, elle pouvait rendre des services. En
effet, s'il pleut (ou gèle) à minuit, au moment où l'on prédit, il y aura
pluie (ou gel) aujourd'hui ; on prédira donc pluie (ou gel) pour demain ;
or, il pleuvra certainement, par exemple, à minuit et une seconde. Donc,
on prédit à coup sûr — et, où existe la certitude, disparaît la prévision elle-
même.
      On me dira que, au moins à titre de contrôle, je puis vérifier sur mes
tableaux si, demain, il a fait le même temps qu'aujourd'hui : certes, mais
il s'agit d'une expérience a posteriori et non du contrôle d'une prévision
a priori. Je fais ce contrôle : je trouve, bien entendu, des réussites varia-
bles, 62,6 % en juillet et 78,4 % en avril — en moyenne 70,9 %. Mais je
n'ai nullement contrôlé un procédé empirique de prévision du temps : je défi-
nis simplement, en chaque lieu, la probabilité d'un changement de temps

    1. Voir à cet égard Jean Mascart, « La Proportion des réussites dans la prévision du temps, » Comptes
rendus de l'Acad. des Se, 16 octobre 1922.