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 monstre qui se signala par le grand nombre d'Huguenots qu'il assomma ce
 jour là et fut récompensé par l'honneur qu'il reçut d'être invité à la table du
 Légat du Pape lorsqu'il passa par cette Ville peu de temps après...
       Parmi ceux qui furent tirés de prison et massacrés à Lyon de Thou
 nomme les frères Darue, marchands fameux dont de Tournes avait épousé
 la Sœur en 1565, et dont il était veuf alors ; quant à lui il fut du petit nom-
 bre de ceux qui, soit par protection soit par hasard, ayant été enfermés de
 bonne heure dans la Citadelle de St Sebastien, furent sauvés par le Sieur de
la Manche de la Maison de Saluées, qui en était gouverneur, avec Jean
 Ricaud et Antoine Caille, ministres de la Ville, et quelques autres person-
 nes qui eurent le bonheur de se trouver sous sa garde...
       Les guerres qui suivirent changèrent de nature, et, jusqu'à l'année
 1585, il ne se passa aucun événement qui fut relatif à notre sujet ; mais cette
 année Henri 3, qui faisait la guerre aux protestants devenus les défenseurs
 de l'autorité royale en défendant les droits du Roi de Navarre, en faveur des
ligues qui voulaient exclure du trône la Maison de Bourbon, fut forcé par
eux de rendre un édit, qui fut enregistré le 18 Juillet, par lequel il défendit,
sous peine de mort, l'exercice de la religion protestante et annulla tous les
précédents édits rendus en faveur de ceux qui la professaient ; il ordonnait
aux Ministres de sortir du Royaume dans un mois, et à tous sujets de faire
profession de la religion catholique, ou, à leur refus, de sortir du Royaume,
de disposer librement de leurs biens, meubles et immeubles, et d'en pou-
voir percevoir les revenus, déclarant tous hérétiques possédant quelque
charge ou emploi public, indignes de les exercer. Et, quelque temps après,
ce faible Roi qui n'était plus le maître de ses démarches, et pressé par ceux
qui lui avaient fait prendre les armes contre les protestants, donna un
second édit, daté de Paris le 7 8be de la même année, par lequel il restrei-
gnait à quinze jours ce qui restait des six mois accordés par l'Edit de
Juillet. Ce dernier édit fut publié à Lyon le 30 Octobre. Alors Jean de
Tournes se vit obligé de quitter la France et de chercher une retraite
ailleurs, et il partit pour Genève le 13 9be, deux jours avant l'expiration du
terme fatal.
      Pour achever de parler des relations qu'il eût encore dans la suite avec
son ancienne patrie nous dirons qu'ayant été obligé de laisser à Lyon une