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— 226 — éprouvé depuis l'arrivée des Commissaires de la Compagnie en 1765 une révolution contraire qui les a ramenés à leur première valeur, même au- dessous, ces acquéreurs se sont trouvés avoir payé le quart, le tiers ou la moitié de leur acquisition, hors d'état de se libérer non seulement du sur- plus par les produits, ainsi que cela se pratique, mais même par le pro- duit de la vente de leur fonds qui serait insuffisante. «... La première interversion survenue dans la nature des biens dans cette colonie a quantité de causes qui toutes prennent leur source dans le vice de l'administration qui l'a régie ; tel est le défaut constant d'appro- visionnement qui a obligé les habitants à acheter des pacotilleurs les be- soins de première nécessité à 10, 15 et 20 pour 1 de bénéfice ; tel est le prix excessif que la Compagnie a perçu arbitrairement sur quelques effets qu'elle a vendus de ses magasins ; tel est le discrédit de son papier-mon- naie occasionné par la cessation du tirage de lettres de change sur la Caisse de Paris ou par le refus qu'elle fit de les acquitter ; tels sont, enfin, les envois multipliés d'escadres chez l'étranger pour y chercher les approvi- sionnements indispensables à la subsistance de l'Ile, qu'on aurait pu tirer de Bourbon, armements qui en rendant les piastres nécessaires pour rem- plir les pacotilles les faisaient rechercher et payer au-dessus de leur valeur. « La seconde révolution a commencé à l'arrivée des commissaires ; la suppression de toutes dépenses, l'espérance de paiement, les ventes faites au comptant des marchandises de ses magasins, et partie à l'encan, celle des immeubles, la rentrée en caisse des sommes qui lui étaient dues pour avances par elle faites à divers particuliers en divers temps, avances qui entraient dans son régime, les dépôts multipliés faits à sa caisse des fonds appartenant aux gens de sa marine qui ont été les sangsues de cette colonie ; quelques légères traites de lettres de change pour pensions ali- mentaires : ces causes ont réduit à rien la circulation et les lettres patentes du mois de janvier 1767 l'ont absolument anéantie de sorte que les biens, au lieu de se soutenir à la valeur excessive et imaginaire où ils étaient montés, sont tombés même au-dessous de leur valeur intrinsèque. Com- ment le débiteur se libérera-t-il envers son créancier qu'il est obligé de payer en espèces sonnantes à compter du I er janvier prochain ? Il faut observer que lorsque la piastre valait 20 livres, les obligations étaient tou-