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LA VILLA DE SIDOINE APOLLINAIRE De tous les documents de l'époque gallo-romaine, les lettres de Si- doine Apollinaire sont ceux offrant le plus d'intérêt au point de vue litté- raire, historique et archéologique. Ce fut un Lyonnais illustre ; son père et son aïeul avaient été successivement Préfets du prétoire des Gaules. Marié à vingt ans à la fille d'un généralissime romain devenu ensuite empereur, il exerça pendant quelques mois la haute fonction de Préfet de Rome, tomba ensuite en disgrâce et s'en consola par le culte des lettres et des vertus chrétiennes. Evêque élu à 41 ans, pendant 18 ans il lutta contre l'invasion des Barbares, souffrit de l'exil et mourut en héros et en saint. Une telle existence ne fait-elle pas de Sidoine Apollinaire une des figures les plus attachantes de notre histoire ? Il n'est pas surprenant qu'un tel homme, l'un des esprits les plus cultivés de son temps, le meilleur orateur peut-être, nous charme toujours par la lecture de ses lettres et de ses poé- sies, si pleines de détails curieux sur les gens et sur les choses de son en- tourage. Nous savons qu'il passa sa jeunesse à Lyon où il fit ensuite de fré- quents séjours, qu'il y cultiva de nombreuses amitiés, mais notre regret est vif de ne retrouver dans ses Å“uvres que des indications très vagues sur les lieux qu'il habita. Si nous savons peu de chose sur la vie de Sidoine Apollinaire à Lyon, du moins nous a-t-il conservé par une lettre à son ami Domitius la des- cription de la maison de campagne où il se retirait pendant la saison d'été. La lecture de cette lettre nous renseigne abondamment sur la vie fas- tueuse des patriciens gallo-romains, sur le goût qu'ils affichaient pour les arts et la littérature. C'est avec raison qu'Eugène Baret a comparé la haute société de cette époque à l'aristocratie française de la période pré- révolutionnaire. Des deux côtés, même souci d'élégance et de bon ton Ã