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 la Providence et d'autres celle de la Raison d'Etat. « Mon affliction, ré-
 pondait Henri IV aux consolations de sa sœur, Catherine de Bourbon,
 est aussi incomparable comme l'estoit le subject qui me la donne : les
 regrets et les plaintes m'accompagneront jusques au tombeau.... La ra-
 cine de mon amour est morte, elle ne rejettera plus ». Mais le printemps
 n'était pas fini qu'elle poussait un nouveau rejeton. Six semaines après
 cette protestation de regret éternel, l'amant inconsolable était aux pieds
 d'une nouvelle maîtresse. Séduit par l'esprit moqueur, la grâce mutine et
les vingt ans d'Henriette d'Entragues, il avait brusqué l'assaut sans succès.
 La fille savait son prix et elle avait de bons conseillers. Sa mère était la
fameuse Marie Touchet, qui avait eu de Charles IX un fils, le comte
 d'Auvergne, et, depuis, de son mari, Balzac d'Entragues, deux filles.
Balzac et le comte d'Auvergne entendaient tirer le meilleur parti du ca-
price royal et vendre le plus cher possible ce que Sully appelle « la pie
au nid ». Henriette sut si bien traîner le marché en longueur que le Roi,
en sa sensualité impatiente, lui versa cent mille écus, la fit marquise de
Verneuil et lui signa la promesse de l'épouser, si, dans les six mois, elle
était grosse et, en temps révolu, accouchait d'un garçon (i e r octobre 1599).
      Pendant qu'il s'embarquait, comme on disait alors, en ces nouvelles
amours au risque de s'y perdre, ses représentants à Rome, et ses minis-
tres, à Paris, poursuivaient l'annulation de son mariage et lui cherchaient
une femme. Du vivant même de Gabrielle, Sully avait fait une fois, avec
son maître, le tour verbal des princesses catholiques à marier et le Roi,
qui avait d'autres intentions, écartait, pour différents motifs, chacun de
ces partis. Au besoin se serait-il accommodé de l'infante d'Espagne, Claire-
Isabelle-Eugénie, quoique vieille et laide — elle avait trente-six ans —
s'il avait dû épouser avec elle les Pays-Bas, mais il n'était pas probable
que le roi d'Espagne, Philippe II, lui donnât sa fille et cette dot royale.
« L'on m'a aussi quelquesfois parlé de certaines princesses d'Allemagne,
desquelles je n'ay pas retenu les noms, mais les femmes de cette région
ne me reviennent nullement et penserois, si j'en avois espousé une, de
devoir avoir toujours un lot de vin couché auprès de moi ». Il risquerait
trop à épouser sa nièce, Mlle de Guise, qui aimait « bien autant les poulets
en papier qu'en fricassée ». Il y avait aussi une nièce du grand duc de