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       Le 17, Paul Cayre informait ainsi le ministre de la police : « La destitu-
 tion annoncée par les journaux a fait beaucoup de sensation et a donné lieu
 à quelques menaces particulières contre moi et contre les administrateurs
 du département ». Beaucoup d'autres communications parvenaient en mê-
 me temps à Paris, se faisant l'écho de l'émotion générale. « Je ne puis finir,
 écrivait un citoyen Dutillet, sans vous dire que le général Montchoisy a
 sauvé la ville du carnage et qu'au lieu d'une destitution, il méritait des
éloges ». Dans un rapport au Ministre delà justice, le juge de paix des
 « Montagnes de Lyon » constate que « les Lyonnais lui rendent (à Mont-
choisy) la justice de dire hautement que sans lui cette journée (le I e r prai-
rial) aurait pu avoir les suites les plus fâcheuses » et que « c'est un témoi-
gnage qui lui est rendu universellement ». L'accusateur public près le
tribunal criminel déclare à son tour au même ministre que « le général
 Montchoisy ne paraissait pas avoir mérité son sort ». « Il a été puni — dit-il
— je baisse le front devant la loi ; je la respecte et je me tais ! ». Silence parti-
culièrement éloquent...
       Dans la capitale, l'émotion causée par l'arrêté du Directoire fut des
plus vives. Rœderer s'en fit l'écho d'une façon véhémente dans un article
 publié par le Journal de Paris :
       « Que Montchoisy — écrivait-il — soit destitué s'il a pu arrêter la
représaille et qu'il ne l'ait pas fait, cela est juste ; car la force publique n'est
point chargée d'examiner comment une rixe a commencé, mais bien de
 s'employer de tout son pouvoir à la faire finir ; seulement, il faut que les
 faits imputés à Montchoisy soient bien prouvés.
       « Mais que le Directoire déclare que l'événement de Lyon lui paraît
l'effet d'une odieuse réaction de royalistes et de factieux anti-républicains,
 c'est ce qui se conçoit difficilement.
       « De quel événement parle-t-il donc? Est-ce des meurtres commis
pendant la rixe, et l'assassinat commis sur le malheureux Rollet ne compte-
t-il pour rien dans la journée du I er prairial ?
       « Quoi! le Directoire voit une réaction et il ne voit pas d'action! Il voit
le combat et point l'agression!.. Il voit des factieux royalistes, et point de
soldats terroristes !.. Il voit des séditieux armés de bâtons et point de soldats
armés de fusils!,.