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— 241 — dédommager des frais résultant de sa mission. « Il avait été ruiné par des déplacements si rapides ; une première mise en partant, une perte énorme résultant d'un rappel précipité, une consommation ruineuse pendant la résidence, la cherté extrême sur les lieux de tout ce qui était nécessaire à la vie, des appointements sans proportion avec cet état de choses ». Ses dettes se montaient à 125.000 livres, et il était « dans une insolvabilité absolue » contractée au service du Roi 1 . Les « bienfaits » du prince ne réussirent pas à tirer Dumas de sa fâ- cheuse situation pécuniaire, car en 1780 il vendit ses biens patrimoniaux pour désintéresser ses créanciers et en tirer décharge2. Ce n'était pas assez pour lui de confondre ses ennemis et de liquider ses dettes. Les aventures de l'Ile de France n'avaient pas diminué ses ambitions et il souhaitait encore servir. « Le S r Dumas désire surtout qu'il plaise à Sa Majesté de l'employer soit à l'Orient, soit à l'Occident, puis- qu'il est bien reconnu que son administration... a été éclairée et pure et sa conduite aussi irréprochable du fonds, qu'irrépréhensible dans la forme. L'honneur d'un homme de guerre est une fleur que l'ombre de la disgrâce flétrit » 3 . Il envoie lettres et mémoires aux ministres, il mobilise ses amis, il s'adresse au jeune roi Louis XVI à son avènement. « Tout annonce que Votre Majesté veut être servie par des hommes éprouvés, par des hommes sûrs. J'en suis un ; punition ou récompense, Sire ! Un serviteur fidèle maltraité pour avoir bien rempli ses devoirs ferait plus de tort au service de Votre Majesté par le découragement qu'un mauvais officier n'en pour- rait faire par son ignorance, ses écarts ou son ineptie » *. Il faut croire que Dumas avait des adversaires bien puissants, car malgré les réponses aimables de divers ministres, malgré l'appui de per- sonnages influents, ses demandes d'emploi restèrent vaines. On lui accorda cependant, grâce à l'intervention du marquis de Lévis, le grade 1. Mémoire au Conseil des Dépêches, s. d., copie de la main de Dumas, probablement de 1772 (Archives de la famille Dumas de Rauly). 2. Lettres au général Dumas appartenant à la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, 3 août 1780, au prince de Montbarrey, ministre de la Guerre. 3. Mémoire au Conseil des Dépêches, déjà cité. 4. Eloge historique de M. Dumas-Ferrandou (11 juin 1774). Rev. Lyon., IV, 11. 8