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     Il explique que le fait : sensibilité est précisément le plus caractéris-
tique de ces phénomènes irréductibles à l'analyse.
      Et Morat montre comment la science que l'homme acquiert de sa
propre nature peut revêtir deux aspects :
      « Qu'il (l'homme vivant) fasse abstraction de sa sensibilité, c'est-à-
dire qu'il extériorise, autant que cela lui est possible, ses sensations et le
monde extérieur, y compris ses propres organes, lui apparaît uniquement
comme matière en mouvement ; et c'est là justement l'artifice auquel ont
recours toutes les sciences qui ne connaissent que les formes ou les chan-
gements matériels comme objet de leur étude.
     « Mais qu'il veuille connaître l'être qu'il est lui-même, il n'échappe
alors pas à la nécessité de donner une place, dans son examen, à ces faits
intérieurs de la conscience et à la relation qui s'établit entre eux et les
réponses motrices qu'il fait aux provocations de ce milieu ».
     Mais, précisément, Morat prouve — et cela est primordial — qu'il
ne saurait y avoir de physiologie sans la connaissance de ces faits de cons-
cience :
     « Assurément, si les faits de la conscience ne faisaient qu'illuminer
les changements énergétiques et matériels qui se produisent en nous et
sont la cause efficiente de nos actes, ce serait nous imposer un travail
superflu que d'en tenter l'examen et l'analyse, et c'est ce qu'ont prétendu
ceux qui rayent ces faits de la phénoménalité proprement dite, en les ré-
duisant à l'état d' « épiphénomènes ».
     « Mais comment admettre que la sensibilité, l'idée, n'ait pas une
influence déterminante sur la direction du mouvement de l'être vivant !
Ne savons-nous pas par nous-même que la seule représentation d'un
mouvement tend à réaliser ce mouvement au milieu de tant d'autres pos-
sibles et le réalise dans nombre de circonstances ? Que cette représenta-
tion et la détermination qui la suit soient libres, c'est ce qu'il n'y a pas
lieu d'examiner ici. Tout le débat se concentre sur la question de sa-
voir s'il y a influence, conditionnement réciproque, entre le mouvement
et la sensibilité. Le sens intime et le sens commun affirment qu'il en est
ainsi. La difficulté ne vient pas de l'obscurité de leur témoignage, mais
seulement de l'impossibilité où nous sommes de l'accorder avec les lois