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 toutes les sciences sont enchevêtrées. A la moindre tentative pour sou-
 lever le voile de la déesse, la Fatalité s'appesantit pour brouiller une fois
 encore l'écheveau dont il serait indispensable de suivre le fil.
       Serais-je abattu définitivement par les coups du Destin ? Non.
       Certes, la prévision du temps est un exercice malaisé : il n'en est
 que plus captivant et j'y veux toujours tendre. Et puisque, dans ces der-
 nières années, l'on vit éclore à nouveau de nombreuses vocations météo-
 rologiques, je veux, pour le moins, m'appliquer à préciser le problème,
 à le définir si possible, pour voir dans quelle mesure on peut contrôler
 les prévisions avec quelque sécurité.
       D'abord, entendons-nous bien sur les mots : prédire le temps, c'est
 l'indiquer à Vavance. Vous riez en songeant à la plaisanterie facile « du
 lendemain », et vous avez grand tort, par ma foi ! car, l'aventure que je
 m'en vais vous conter est plutôt triste et l'affaire est d'importance. Quoi !
 un fonctionnaire du Service météorologique central commente ainsi le
 travail effectué à l'Office National :
      « En effet, les cartes qu'on y trace, pour le lendemain, et les prévisions
transcrites, également pour le lendemain, ne sont lithographiées que ce
même lendemain, c'est-à-dire quand les résultats des cartes et prévisions
sont connues s 1 .
      Voilà bien d'une autre antienne et je suis de furieuse humeur pour
la dissolution des mœurs modernes. Ces messieurs prédisent donc le temps
le jour même ? et, pour dire cela sérieusement et impunément, ce fonc-
tionnaire est un sévère pince-sans-rire, un joyeux drille — ou un impudent
personnage.
      Restons donc sérieux... c'est-à-dire loin de ces voies officielles.
      La méthode la plus rationnelle et la plus sûre, pour la prévision du
temps 2, consiste encore à essayer, tout d'abord, de construire la carte
des isobares probables du lendemain en prenant pour point de départ celle

     i. G. Guibert, Revue Scientifique, 1934, p. 400.
     2. On a mené grand tintamarre, récemment, pour de nouvelles méthodes dites norvégiennes que je n'ai
pas encore eu l'occasion de mentionner dans cet exposé rapide : on y trouve des dessins, des schémas, des
théories entières sans application aux vraies cartes synoptiques, en un mot l'indication de ce qui devrait se
passer, plutôt que de ce qui va se passer. Cf. « J. Vincent, les Méthodes de Bjerknes, beaucoup de bruit
pour rien >-, Gazette astronomique, Anvers, n° 114, août 1933.