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      La loi trouvée est la suivante :
      « Le mouvement d'ensemble d'un système nuageux est lié au courant
général actuel de l'atmosphère aux altitudes moyennes ».
      Ceci excita sur-le-champ mon zèle pour l'étude et je songeai : pauvres
météorologistes d'antan! ils n'étaient pas bien malins — mais tant pis, ils
m'ont révoqué, c'est bien fait pour eux. Mais, caramba! j'y pense : je ne
comprends pas très bien non plus, moi. Voilà des groupements dont la
qualité essentielle est d'être durables, et qui ne durent pas puisqu'on les
voit naître, se développer et mourir... Pourquoi ces systèmes sont-ils en-
traînés par le courant actuel de l'atmosphère ? les anciens météorologistes
accusaient-ils les nuages de suivre le courant de la semaine précédente ?..
      Je voulus retourner à mes livres, mais j'étais étreint par une cruelle
anxiété...
      Sur ces entrefaites, on me signale un article d'un vieux routier de la
Météorologie, J. Vincent x, fort sévère pour la nouvelle théorie et qui, après
avoir conseillé la lecture de toute une série d'ouvrages remontant à près de
cinquante ans, déclare, à propos du concept du système nuageux : « Ce n'est
pas là un concept; c'est un fait, et un fait établi depuis longtemps ». Diavo-
lo ! voilà qui ne commence pas très bien ; et cela va finir comme il suit :
      « Ainsi, cette nouvelle méthode prévoit le déplacement du mauvais
temps, nuages et pluie, en déterminant la marche future, soit des centres de
baisse, soit des nuages d'altitude moyenne. Et comment procédera-t-on à
ces deux déterminations ? En admettant que la direction et la vitesse cons-
tatées à un moment donné se maintiendront. Or c'est là une pure supposi-
tion, qui a une certaine probabilité, rien de plus, tout comme la supposition
que l'on fait en admettant qu'un centre de cyclone poursuivra sa route dans


     i. « Un nouveau système de prévision du temps », Bull, de l'Observ. de Lyon, octobre 1923. — Il y a
un autre article du même auteur, encore plus sévère, dans le même Bulletin, janvier 1934.
     Vincent dit ailleurs : « J'ai montré par des citations qu'il y a incohérence », et indique que les fameu-
ses lois formulées sont identiques à celles déjà publiées en 1877 — 46 ans auparavant ! Au reste, Sche-
reschewski et Wehrlé ont été contraints d'avouer que le cyclone typique avait été étudié déjà avant eux.
Voir Revue Scientifique, 1934, p. 335.
     Pauvres novateurs ! leurs affaires ne sont décidément pas très prospères, puisque Guilbert va jus-
qu'à les traiter sans mollesse de plagiat, ajoutant, au surplus, « une telle accumulation de mots étranges,
insolites, ne saurait en imposer, même aux savants étrangers à la Météorologie». (Revue Scientifique, 1934,
P- 399)-