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        PEUT-ON PRÉDIRE LE TEMPS?

                                                        ... et la caravane passe.
                                                                        (Passim)

La Philosophie.

     L'homme est assurément, à la fois, le plus sot et le plus curieux des
animaux, et l'on ne peut que rester confondu de son ignorance sur les
phénomènes de l'atmosphère où il s'agite désespérément en tous sens,
atmosphère qui l'entoure et conditionne son existence.
     Sans doute, il est curieux : il a gratté, fouillé le sol ; il s'est amusé à
collectionner, à disséquer les plantes et les animaux ; d'innombrables géné-
rations d'alchimistes ont fait macérer, bouillir, distiller, combiner toutes les
matières possibles ; enfin, depuis les pasteurs qui scrutaient patiemment les
astres, tous les habitants des campagnes ont acquis une expérience incon-
testable dans la connaissance des météores, vents et pluies, orages et gelées,
manifestations des insectes ou migrations des oiseaux, alternance des
récoltes, e t c .
     Ah! si toutes ces observations, si tous ces matériaux scientifiques
avaient été ramassés par des abeilles ou des fourmis, chez qui l'instinct de la
conservation est sûr, qui ont un sens précis de la prévoyance et qui com-
prennent l'utilité de la division du travail et de la coopération disciplinée,
quels bénéfices n'en pourrions-nous pas tirer aujourd'hui ? Par malheur, ces
insectes, plus intelligents que le bipède, manifestent vis-à-vis de la Nature
une discrétion exagérée et n'ont pas cette « curiosité » de s'occuper de ce qui
ne les concerne pas immédiatement...
     Car, si l'on y réfléchit, l'amitié ne saurait exister sans un petit senti-
ment de supériorité protectrice et notre seul ami, parmi les animaux, le