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porté fort peu de chose. On a fait décharger à Lorient une partie des
effets comestibles et autres de quelques-uns de ces vaisseaux avant leur
départ, nommément du Saint-Louis comme sa facture en fait foi. Sur
1.200 barriques de vin que la Compagnie a envoyées ici, 800 se sont trou-
vées vinaigre pour avoir été achetées de trop mince qualité. Le reste a
passé pour l'approvisionnement des hôpitaux, pour les vaisseaux de la
Compagnie ou pour la consommation des directeurs ou employés du
Bureau de Commerce B1.
Aussi ne doit-on pas s'étonner du prix excessif des denrées à l'Ile de
France où le pain coûtait 6 sous la livre et la bouteille de vin 50 sous,
sommes considérables pour l'époque2.
Seuls, quelques grands propriétaires vivaient largement sur leurs
plantations et profitaient d'un quasi monopole pour s'enrichir aux dépens
du reste des habitants. Parmi ceux-ci, Dumas cite souvent M. Hermans,
qui possédait d'importantes forges et jouissait du privilège de fournir du
fer à la marine. Son établissement fit l'admiration de Bougainville3, lors
de son passage à l'Ile de France. Dumas partageait ce sentiment, mais ju-
geait imprudente la conduite du gouvernement qui en avait autorisé la
création.
« Mon opinion est que le Gouvernement n'aurait jamais dû le per-
mettre, encore moins le favoriser. Je le tiens non seulement pour inutile
à la colonie, mais pernicieux par près de 5.000 arpents de terre obtenus
en pleine prospérité, en pure perte pour la production des grains, par
10.000 arpents de bois en réserve qui feraient 64 habitations ; par l'amas
d'eau qu'il a fallu faire qui a ôté l'arrosage à tout le quartier de Pample-
mousses, et par la consommation de 800 noirs et de 40 blancs qui n'aident
en rien à la reproduction. Mais cet établissement est fait, il est beau et
porté, pour ainsi dire, à sa perfection. La qualité de la mine a été reconnue
bonne, le fer qui en provient a un grand débit dans toute la partie de l'Inde;
1. Dépêches de M. Dumas, 10 novembre 1767.
2. Journal de M. Dumas, 3, 13 juin 1768.
3. Bougainville, Voyage autour du Monde, Paris, 2 vol. in-8°, 1772, II, 392. « J'admirai à l'Ile de France
les forges qui y ont été établies par MM. de Rostaing et Hermans. Il en est peu d'aussi belles en Europe,
et le fer qu'elles fabriquent est de la première qualité. On ne conçoit pas ce qu'il a fallu de constance et d'ha-
bileté pour perfectionner cet établissement et ce qu'il a coûté de frais ».