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     Restent les idées.
     Esthétiquement, De Sanctis ne leur accorde pas plus de valeur. La
vérité du contenu philosophique n'a aucune importance.
   « Aujourd'hui, écrit De Sanctis, on ne trouve plus deux poètes qui
partent d'une même pensée philosophique. Nous vivons en parfaite
anarchie. Chacun se fabrique son Dieu et son monde ».
     En fait, plus il y a de pensée dans la forme poétique, plus nous nous
éloignons de la poésie. Il ne faut pas confondre le vrai philosophique et
le vrai esthétique. Si la poésie est en partie raison, c'est la raison mise en
musique. Ce qui est essentiel, c'est qu'en vivant et en se mouvant, elle
fasse voir l'idée.
     Le beau n'est donc pas la manifestation de l'idée dont la forme ne
serait que l'accessoire. Ce qui importe, c'est la forme.

     Chez De Sanctis, la question de la forme est capitale. Mais il est
impossible de l'exposer sans la faire entrer dans un grand débat auquel
De Sanctis a accordé la plus haute importance. C'est celui de l'Idéalisme
et du Réalisme en art. La question, pour plus de commodité, peut se poser
ainsi :
     Du rôle de la forme dans l'esthétique de l'Idéalisme et dans celle
du Réalisme.

      « Pour l'école idéaliste, dit De Sanctis, le réel est art en tant qu'il
dépasse la forme et révèle son idée. Le Beau, voile de l'âme, manifeste
l'Idée. Les formes, fantômes vagues et instables, ne sont que l'accessoire,
de simples instruments de la pensée, des symboles ».
      En art triomphent l'indécis, le vaporeux, le céleste, l'angélique. La
pensée, à qui manque le sain aliment de la vie active, obligée de se nour-
rir de sa propre substance, devient malade. Cette maladie est élevée à la
dignité de théorie. C'est ce qu'on nomme l'Idéal. La pensée supplée à
l'action par le rêve. Au monde matériel succède un monde de fantaisie.
Les idées errent ; les formes perdent leurs contours.
      Tout cela, pense De Sanctis, est fort malheureux.
      En effet, l'Idéal n'est légitime, selon lui, qu'à l'origine des peuples