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— IÔ2 — dépouillé de son patrimoine pour en faire don aux écoles. Comme lui, issu d'une famille riche qui tenait un rang assez élevé, il a renoncé à la vie mondaine et il s'est mis tout entier au service des pauvres gens. Comme lui il a tendu la main ; il a mendié l'argent des riches pour accroître les ressour- ces des écoles des pauvres... Avec un dévouement patient, infatigable, avec un zèle d'apôtre, il a recruté des instituteurs et des institutrices ; il les a réunis en communautés, et il a établi des séminaires qui étaient des com- mencements d'écoles normales. Avec un grand sens pédagogique, il a rédi- gé des avis, dressé des règlements scolaires qui ont leur prix ». On ne saurait résumer en phrases d'une éloquence plus pleine et plus concise le rôle de Charles Démia. Combien Gabriel Compayré a eu raison de tirer de l'oubli ce grand homme de bien et de rappeler l'attention sur son œuvre ! Publication des Remontrances, cet admirable plaidoyer en faveur de l'éducation populaire, adressé dès 1666 aux pouvoirs municipaux de Lyon, ouverture de la première école des pauvres, celle de Saint-Georges, en 1667 ; organisation du « Bureau des Ecoles » j fondation du séminaire de Saint-Charles, sorte d'école normale, et de la communauté des Sœurs de Saint-Charles ; création des « écoles des riches » après celles des pauvres et règlements pour l'assemblée des maîtres ; propagande en dehors de Lyon, à Saint-Etienne, à Bourg, en cent autres lieux, car l'action de Démia rayonne au loin, tandis que ses Remontrances font leur tour de France, tout cela accompli au milieu de difficultés sans nombre, avec les ressources d'un maigre budget où l'illustre pédagogue avait jeté d'abord toute sa fortune personnelle, tout cela et bien d'autres choses encore, car Démia fut non seulement un homme de bien, mais un saint prêtre, méritait, certes, d'être rappelé. Déjà l'abbé Faillon1 et, avant lui, Perrin Belin, docteur en théologie de l'Université de Toulouse 3, avaient réuni en une riche gerbe les traits de 1. Vie de M. Démia, instituteur des Sœurs de Saint-Charles, suivi de l'esprit de cet Institut et d'une histoire abrégée de son premier patron, Saint Charles Bon ornée. Lyon, Rusand, 1829 ; in-8. — L'auteur, successive- ment professeur au séminaire de Saint-Irénée à Lyon et au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, a utilisé le travail inédit de Belin. 2. Le manuscrit de Perrin Belin, conservé chez les Dames de Saint-Charles à Lyon, est intitulé la Vie de M. Charles Démia, «• dressée en faveur de tous les prêtres et ecclésiastiques qui aspirent à la sainteté et à la perfection de leur état » (200 pages in-quarto d'une écriture compacte).