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préparé pour la recevoir. Sa suite devait s'entasser dans quelques maisons
disponibles et payer très cher le logement et les vivres. Les Italiens qui
l'entouraient s'irritaient de cette négligence et de la rapacité des popula-
tions. Elle poursuivit bravement sa marche le long de la vallée du Rhône
par un froid que la bise du nord rendait encore plus mordant. Son endu-
rance et sa bonne mine faisaient l'admiration des dames françaises pelo-
tonnées dans des couvertures. A Valence, le grand-maître des postes, La
Varenne, arriva porteur d'une lettre du Roi et, pour le remercier du plaisir
qu'il lui avait fait, elle le gratifia d'un bassin et d'une timbale de vermeil
que la ville venait de lui offrir en don.
      Elle fit telle diligence qu'elle arriva le samedi 2 décembre à La
Guillotière, bien décidée à faire son entrée solennelle dans la ville le len-
demain dimanche. La municipalité était prise de court, n'ayant reçu que
le 17 novembre Une lettre où le Roi l'invitait « à préparer toutes choses
tant pour la célébration de ses noces que pour la réception de sa femme ».
Le gouverneur, M. de La Guiche, le lieutenant général de la sénéchaussée,
Villars, et l'archevêque, Albert Bellièvre, eurent bientôt fait d'ordonner
pour le lendemain, 18, un Te Deum à Saint-Jean et une procession sur la
rive droite de la Saône, entre Saint-Paul et la Porte-Froc, dans le quartier
du gouvernement, de la justice, de la banque et du grand commerce. Mais
le Prévôt des marchands et les échevins avaient bien d'autres affaires :
achat de cadeaux à offrir à la Reine, décoration des ponts, des places et
des rues de la ville et du château de La Mothe, au bout du faubourg de
la Guillotière, où la cérémonie de la réception devait commencer. En l'em-
barras où ils étaient par le manque de temps, ils imaginèrent de prier la
 Reine de hâter sa marche et cependant d'attendre, loin de Lyon, trois
 ou quatre jours qu'ils eussent fini leurs préparatifs, mais elle leur opposa
 les volontés de son mari.
    Entre temps les bourgeois s'étaient cotisés pour lui faire un cadeau de
 2.704 écus j drageoir, bassin, vase et autre vaisselle en argent ciselé. L'éche-
 vinage manda l'avocat de la ville, Pierre Matthieu, et deux maîtres arti-
 sans, Jean Maignan et Jean Perrissin, que, lors de l'entrée du Roi en 1595
 et de la comtesse de La Guiche en 1598, il avait déjà employés, l'un à dresser
 le plan des décorations et la liste des inscriptions en latin, en grec et