page suivante »
— 108 — Contre la façade, entre le premier et le second étage, une haute ensei- gne fut apposée, avec l'inscription « Imprimerie Giraud » et, dans les deux angles inférieurs, le numéro « 68 ». Par une circulaire datée d'avril 1855, la veuve Giraud avait avisé sa clientèle du transfert de son « établissement », « un des plus anciens qui aient été fondés à Lyon », disait-elle. La veuve de Michel Giraud mourut là , le 9 mars 1870, et, après avoir gardé pendant cinq années encore l'atelier paternel, ses deux filles le cédè- rent à un nommé Gaud qui eut pour successeurs les imprimeurs-lithogra- phes Marchandeau, Buvelot et Henri Gerboud. Ce dernier dirige actuelle- ment, dans le même local, la maison qui fut, pendant cent trois ans, l'im- primerie Giraud. Tonine et Céline Giraud, qui avaient hérité de leurs] parents une fortune rondelette — avec immeuble en ville et maison de campagne à Limonest, « au Puy-d'Or » — allèrent habiter rue Octavio-Mey, 5, un petit appartement où elles moururent célibataires : Tonine, le 12 janvier 1890, et Céline, le 28 janvier 1909, dans sa quatre-vingt-huitième année. D'elle et de sa sœur aînée — deux types originaux de vieilles Lyon- naises — le bibliophile Léon Galle, qui les connaissait de longue date, a laissé un amusant portrait. Dans la Dépêche de Lyon du 5 juin 1909, il décrit, au rez-de-chaussée de l'ancien logis d'Horace Cardon, le magasin de Moroder où se vendaient en tout temps des chaussures, et, au moment du Jour de l'An, de riches jouets ; la Boucherie Bourbonnaise, qui remplaça là Moroder, et qui existe encore ; au second étage, l'imprimerie, où venaient l'aqua-fortiste Barons Tabareau, de l'Académie de Lyon, professeur de Physique à la Faculté des Sciences ; le poète-comptable Alexis Rousset qui fit lithographier dans l'atelier les deux premiers volumes de ses recueils de documents lyonnais ; Paul Saint-Olive, pour qui la veuve Giraud autogra- phia quelques poésies, destinées à ses seuls amis. Léon Galle conte ensuite ses souvenirs sur les deux « demoiselles Giraud ». Bien qu'elle fût plus grande que sa sœur Tonine, Mlle Céline était « une toute petite femme replète et rebondie, la figure fraîche comme