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- 7 8 - cher la cause de cette hostilité que dans le caractère même de l'homme qui devait en être la victime. Montchoisy était la droiture et la loyauté person- nifiées ; étranger aux querelles locales, il paraissait résolu à ne pas se faire l'instrument servile de quelques ambitions particulières. Peut-être aussi faut-il chercher l'origine des préventions élevées contre lui à cette circon- stance qu'il avait succédé à Lyon au général Carteaux, soldat aux manières brutales et aux idées jacobines faites pour plaire à certains. Le baron Louis-Antoine de Montchoisy — il avait, dès le début de la Révolution, abandonné son titre nobiliaire et sa particule — avait successi- vement occupé les grades de major et de lieutenant-colonel d'un régiment de chasseurs et de colonel du régiment de Beauce. Il avait près de trente années de services lorsque, le 8 mars 1792, il fut fait maréchal de camp. Pour savoir ce qu'il était au juste, il nous suffira de faire appel à l'attestation de deux répondants dont l'appréciation ne saurait être suspecte. C'est d'abord le représentant du peuple Saint-Prix qui parle de lui en ces termes : « Excellent officier, d'une bravoure et d'une fermeté au-dessus de tout éloge ; connaissant parfaitement son métier et l'ayant longtemps pratiqué à la guerre, et toujours avec succès, tant en Amérique que dans les campagnes de la Belgique où il était généralement aimé et estimé ; ayant le don si précieux d'exciter la confiance et de se faire chérir et obéir des sol- dats qui l'ont toujours honoré comme un brave officier et un bon père ». C'est ensuite Reverchon qui lui rend hommage au cours de sa mission à Lyon et qui s'élève contre les accusations dont son collaborateur est l'objet : « Il paraît qu'on s'était bien trompé sur l'opinion défavorable qu'on a voulu jeter sur le général Montchoisy... D'autant mieux que c'est à lui en partie que je dois les premiers succès de mon entrée à Lyon. Sa fermeté, son patriotisme et la conduite vraiment civique qu'il a tenue avant et après mon entrée ici m'ont fait voir l'homme qui convient à cette place importante. Bon militaire sans ostentation, modeste sans affectation, administrateur ferme et sans partialité, n'allant manger chez personne et ne jouant pas le rôle de protecteur des soi-disant honnêtes gens ; enfin c'est l'homme qui convient à Lyon ». Toutefois, ceux des Lyonnais auxquels il ne convenait pas ne cessè- rent un instant de calomnier Montchoisy dans les journaux à leur dévotion