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déchiré entre son amour du passé et son fiévreux rêve d'avenir. Dans sa
pensée bourdonnante et pleine d'échos s'éteignait le pieux appel du moyen
âge tandis que sonnait le tocsin de la Révolution Française. La haute figure
de l'Eglise dominait l'histoire qu'il venait d'achever. Mais le visage tour-
menté et pourtant rayonnant du peuple de France s'ébauchait à l'horizon
nouveau, dans l'aube de la liberté. C'est alors qu'il vint à Lyon, en 1843.
Des bords de la Saône, de Saint-Jean et du quartier d'Ainay étaient parties
les attaques les plus violentes contre l'esprit moderne et l'Université. De la
Croix-Rousse étaient descendus, par contre, deux grands mouvements de
libération populaire dont il retrouvait partout les traces pathétiques. Quoi
d'étonnant si l'opposition des deux âges et des deux esprits s'identifia dans
sa pensée avec celle des Deux Collines ? Il cédait là, inconsciemment, à une
exigence naturelle de son génie mythique, avide de symboles. Et qu'impor-
tent les chicanes de la critique vétilleuse ou les égratignures de l'intoléran-
ce ! Cette grande antithèse a vécu et vivra, pour l'honneur de Lyon, dans
l'imagination française.
                                                     Jean-Marie CARRÉ.