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 muses, par son beau caractère, te défende de sa bouche éloquente, lui dont
 le génie (pourvu qu'il vive) sera connu des portes de l'aurore aux lieux où le
 soleil fait rafraîchir ses chevaux : Présente-lui mes vers et mes souhaits, et,
 s'il daigne t'admettre dans sa savante bibliothèque, remercie l'en à genoux ».
       Ce n'est pas là ce qu'on appelle du beau simple, et naturel, mais c'était
 la manière des savants de ce temps, et Horace lui même ne devait-il pas
 frapper les astres de sa tête glorieuse si Mécène le mettait au nombre des
 poètes lyriques ?
       Jean Casaubon, dans sa préface du Polyceni Stratagemata gr. lat. im-
 primé l'année MDXXCIX, apud Johannem Torna;sium Typographum
 Regium lugdunensem, s'exprime ainsi : « je reviens à Polyen dans la version
 duquel si on trouve divers changements (et ces changements sont en grand
 nombre) on en aura toute l'obligation à notre De Tournes qui a fait tous ses
efforts pour que tous les livres qu'il imprime soient bien exacts et, autant
 qu'il dépend de lui, parfaite en tous points ».
       C'est à l'occasion de cette édition de Polyen, qui porte l'année 1589 et
le titre d'imprimeur du Roi à Lyon, que Maitraire fait la remarque que « si
ce livre a été imprimé à Lyon — car dit-il il ne porte point de nom de Ville
— mais que je crois y avoir été imprimé d'après ces mots : Imprimeur du
Roi à Lyon » — il faut que ce Jean de Tournes ne se fut pas retiré à Genève
en 1584, comme l'avance M r Baillet. — Mais cette remarque de Maitraire
n'est pas juste ; nous prouverons ci-après que Jean De Tournes quitta Lyon
en 1585, et s'il continua pendant quelque temps de prendre sur les livres
qu'il imprima le titre d'imprimeur du Roy à Lyon, c'est sans doute parce
qu'il n'en avait pas été formellement dépouillé et qu'il espérait peut-être
encore alors d'y retourner et de pouvoir continuer à l'y exercer, mais ce fut
cette même année qu'il y renonça pour toujours, ainsi que nous allons le
voir.
       Nous avons parlé de lui comme imprimeur et comme homme de
lettres ; il nous reste à parler de sa Vie Civile qui n'est pas moins intéressan-
te par les persécutions qu'il essuya pendant plus de Vingt ans à Cause de sa
religion et par sa retraite et son établissement à Genève qui en furent la
suite.
       L'histoire des troubles et des guerres civiles de la France pendant le

   Rev. Lyonn., IV, I                                                      3