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320 BIBLIOGRAPHIE. pas de la multiplicité des événements mais de l'étude appro- fondie des caractères.— Eh! quoi? dira-t-on, pas la moindre complication d'intrigue, pas le moindre coup de poignard, pas la moindre potion d'arsenic? Cela sans doute paraît-bien singu- lier aux Adolphe Bellot et aux Xavier de Montépin ; mais, entre nous, lecteurs, que demandez-vous d'une œuvre littéraire? n'est-ce pas une exacte ressemblance avec la vie? une peinture fidèle de tout ce que vous voyez autour de vous? Or, trouvez- vous que la vie soit si remplie de passions contre nature, si bourrée d'événements extraordinaires? N'offre-t-elle pas au contraire, sauf de rares exceptions, un aspect généralement uniforme ; et si, par hasard, des passions violentes en ont agité le cours, ne reprend-elle pas, avec le tempsj une tranquillité sinon réelle du moins apparente ? Est-ce à dire que nous vou- lions restreindre le domaine du romancier? — pas le moins du monde. L'écrivain de génie n'est point dupe de cette tran- quillité apparente, il va au-delà , et sans s'épuiser en combi- naisons extérieures, il étudie dans ces existences obscures le contre coup et les suites d'une passion première, et découvre, sous la cendre du passé, mille drames intimes que le plus léger incident renouvellera. « Moi aussi, dit Mme Marie Sebran, en faisant allusion à un passage des Etudes de la nature, de Bernardin de Saint-Pierre, moi aussi j'examinerai au micros- cope cette Fleur de Thym qui s'appelle Germaine, et qui sait si je n'y trouverai pas quelque parcelle d'or. » Ici nous serions tenté d'expliquer à nos lecteurs pourquoi La Fleur de Thym est le titre du livre de Mrne Sebran, et pourquoi le personnage de Germaine s'identifie dans La Fleur de Thym, mais comme tout l'intérêt du roman réside en partie dans cette explication, nous préférons leur laisser le plaisir de la surprise. Il en est de certains livres comme de certaines fleurs, ils demandent à être examinés de près et dans tous leurs détails. Dans celui-ci tout nous paraît digne d'une attention particulière : le plan général, la vérité des situations, l'art délicat qui unit toutes les parties les unes aux autres, le sentiment profond de la nature qui anime cha- que page, et enfin le style, qui est plein de naturel et de facilité.