page suivante »
NOTICE SUR E -L.-M. PATRIN. 309 je vous donnerai, pour vous amuser, quelques détails d'etlinographie. Vous savez que Pétersbourg est situé sur la Neva, rivière cinq à six fois plus grosse que le Bhône, et qui se jette dans la mer Baltique par plusieurs embou- chures : situation qui la rend très-commerçante, et l'une des villes les plus florissantes du monde. Cette magnifique cité, née avec le siècle, possède environ 120,000 habitants, dont le tiers est étranger. Les 8,000 Français qui en font partie ne sont pas la crème de la population. Toutes les rues sont tirées au cordeau, mesurant 60 à 80 pieds de large, et d'une immense longueur. Les maisons, généra- lement en briques, sont construites à l'italienne. Le com- merce a ses quartiers, composés de milliers de boutiques agglomérées. Si la nourriture n'y est pas chère, les loyers sont hors de prix. Les immeubles rendent environ dix pour cent, mais les charges de police sont considérables. L'intérêt légal de l'argent est de six pour cent, il est vrai; mais il est rare que les capitalistes se contentent d'un gain si modeste. Les Eusses sont extrêmement avides de lucre, et,, de plus, peu délicats ; car, après les Chinois, ce sont les gens les plus fripons de la terre. La vertu des femmes n'y est pres- que qu'un nom. Le peuple est de belle taille, il a le teint frais, l'œil vif; le beau sexe est plein d'agréments, quoi- que aimant par trop le fard. La noblesse suit les modes de Paris. La roture s'habille proprement et d'une façon com- mode : les hommes portent une large culotte et' un gilet qui tombe jusqu'aux genoux ; par dessus, ils mettent un justaucorps nommé caffetan, qui croise comme une robe de chambre et dont les basques s'étalent en plis sur les hanches. Des bottes en tout temps. Sur la tête, l'hiver, un bonnet fourré ; l'été, un chapeau rabattu.Une belle barbe de capucin encadre leur visage. Les laquais sont rasés et r e - vêtus à la française, les cochers conservent ce costume. 20