page suivante »
L'ÉGLISE DE SAINT-GEORGES A LYON. 73 en présence de ce monument achevé complètement par son zèle, son intelligence , sa persévérance, doit éprouver quelque chose des transports qui faisaient tressaillir l'architecte du moyen âge, lorsque après avoir posé dans sa jeunesse les fondements d'une cathédrale, il lui était enfin donné de la saluer couronnée de ses tours, toute belle et toute parée comme l'épouse qui attend son époux. La restauration de Saint-Georges fut, dès le principe, confiée à M. Bossan. Le jeune architecte n'avait pas encore visité la Sicile. Il devait en rapporter ce style, très-personnel mais inspiré par l'étude des monuments arabo-bysantins de Palerme, auquel notre ville doit l'église de l'Immaculée-Conception et devra bientôt !a grande basilique de Fourvière ; mais alors sa prédilection parais- sait acquise aux traditions du quinzième siècle. C'est dans cette donnée qu'il bâtit l'église de ' Feurs et qu'il résolut d'exécuter l'œuvre que venait de lui confier M. Servant. Le monument qu'il s'agissait de remplacer semblait du reste conseiller celte déter- mination. Le chœur de Saint-Georges, réédifié por l'ordre de Malte à l'époque des antiques restaurations dont nous avons parlé plus haut, se trouvait contemporain de l'église de Brou et de la chapelle des Bourbons, ce joyau de notre primaliale. Comme on admirait surtout les délicates nervures et les gracieuses clefs pendantes de la voûte, il fut résolu qu'on les conserverait. Cha- que pierre numérotée eut sa place désignée dans le sanctuaire de l'église future, et aujourd'hui ils n'en sont pas une des moins riches décorations. Si l'imagination de M. Bossan fut de bonne heure charmée par l'élégance et la grâce du gothique fleuri, il avait d'autre part le goût des lignes simples et sereines, ee caractère qui distingua toujours les grandes époques de l'art. On s'explique ainsi que, ne pouvant se résoudre à demeurer l'esclave aveugle des règles archéologiques en ce qui coucerne le style adopté, il les ait in- terprétées librement. De là cette église de Saint-Georges qui a les formes nobles et élancées des gothiques antérieurs et dans les détails une grâce sans profusion ni diffusion de l'unité, malgré cet éclectisme, si bien que, lorsqu'on embrasse d'ensemble l'inté-