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314 NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN. mie, un des beaux esprits et des moins crédules. Comme il avait placé immédiatement au-dessous des trois madones une grande et belle figure de l'Amour, je ne pus m'em- pêcher de rire et de lui demander auquel des deux il fal- lait donner la préférence? il me répondit que, comme il y avait chez lui des personnes de dissidentes opinions, il avait voulu satisfaire à leurs goûts. « Ici toutes les religions sont autorisées, ont leur culte et de belles églises ; mais les Grecs seuls ont le privilég'e d'étourdir les passants par le bruit des cloches. Les églises luthériennes, hermittes, arméniennes, etc., etc., sont d'une belle architecture et bien décorées ; notre pauvre chapelle catholique, jusqu'à présent, a été reléguée dans une es- pèce de masure. On avait commencé un assez bel édifice : mais le zèle des fidèles s'est bientôt ralenti, l'église est res- tée là , et l'on continue à aller faire du scandale dans un second étage. Je n'ai guère vu d'assemblée moins décente que cette sorte de temple, dirigé par des moines italiens. Les églises grecques ne sont guère plus édifiantes : la seule différence qu'il y ait entre celle-ci et une place de marché, c'est que la conversation des assistants est de temps en temps interrompue par les prosternations devant les images qui tapissent les murs et qu'ils ont grand soin de complimenter. Aussi, dès qu'on entre, faut-il avoir soin de se glisser dans un coin pour ne pas recevoir des coups de dos dans le ventre, et des coups de tête dans le dos. Tout le monde se tient de- bout, jamais on ne s'assied, ni ne s'agenouille. Si le clergé russe est pauvre, les églises sont splendidement décorées. Il n'y a presque aucune de ces innombrables images où les habillements des saints ne soient d'or ou d'argent massif, et comme le peuple prise beaucoup ces métaux, ceux-ci stimulent admirablement sa dévotion. « Le Russe aime à la folie fêtes et divertissements, et