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476               L'ABBAYE DE CHAZEAUX A LYON.
   Ce ne fut point, en effet, pour un couvent de religieuses que
futMtie cette demeure. Dans cette partie de la colline de Four-
 vière, qui portait autrefois le nom oublié de Belle-Grève, avaient
existé, dès l'époque la plus reculée, de somptueuses habitations;
car, en 1865, on découvrait encore au-dessous des bâtiments
actuels de Chazeaux, une fort belle mosaïque, qui décore
aujourd'hui le vestibule de l'escalier des Facultés, au Palais-
des-Arts. Sur les restes enfouis de la villa gallo-romaine, un
riche Italien, nommé Paulin Benedicti, fit construire, au milieu
du xvie siècle, un hôtel qu'il orna avec magnificence. Quelques
années plus tard, cet hôtel fut acquis par François de Mandelot,
gouverneur de Lyon, entre les mains duquel il devint un séjour
de fêtes et de plaisir. Ce furent alors les beaux jours de cette
résidence et les chroniqueurs lyonnais nous ont conservé le
souvenir de ses jardins aux fontaines jaillissantes, de ses salons
aux riches peintures et des fêtes splendides qui y furent données
lors du passage du roi Henri III à Lyon, en 1584.
    D'autres documents nous montrent aussi le corps consulaire
 et les notables lyonnais tenant de fréquentes réunions dans la
maison de Mandelot, pour aviser à la sûreté de la ville, sans
cesse menacée par les entreprises des protestants (1).
    Mandelot mourut le 23 novembre 1588, et le magnifique hôtel
fut délaissé. Aussi bien les dernières années du rvi e siècle,
avec les troubles de la Ligue et les confiscations qui rappellent
celles de la Terreur, ne furent guère un temps de prospérité et
de plaisir. Le règne de Henri IV ne rendit pas même à l'hôtel de
Belle-Grève sa splendeur passée, et il n'en restait plus que de
faibles traces, lorsque trente-cinq ans après la mort de l'ancien
gouverneur de Lyon, Gelberge d'Amanzé, abbesse de Chazeaux-
en-Forez, l'acquit au prix de 10,000 livres, pour y établir les
religieuses soumises à sa direction. Ce fut ainsi que l'abbaye
forézienne fut transportée à Lyon, au mois d'avril 1623.
   Fondée en 1332, dans une gracieuse vallée près deFirminy,
par Luce de Beaudiner, veuve de Guillaume de Poitiers, seigneur

  (1) Notes et documents de M. Péricaud, années 1580 à 1588.