page suivante »
378 NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN. parcouru, #avec autant de curiosité que de vénération, ce précieux manuscrit. Quoique Sa Majesté ait une cinquan- taine d'armées, elle conserve autant de grâce et de fraîcheur que si elle était dans sa première jeunesse. Elle se montre volontiers, et salue tout le monde avec une affabilité char- mante. On la voit surtout fort à son aise dans les bals du carnaval à la cour, dont il est facile de se procurer des billets ; elle ne manque jamais de faire le tour des salles, et d'aller ensuite dans un coin faire sa partie jusqu'à minuit. La Comédie française est aussi au palais impérial, et tous les honnêtes gens y sont admis sans billet (1J. « La grande duchesse, épouse de l'héritier du trône, une des plus belles princesse de l'Europe, est sur le point d'accoucher ; s'il naît un fils, sa venue nous vaudra de belles fêtes. C'est pour cela que la cour est déjà à Sarsko- Selo, maison de plaisance où l'impératrice se tient le plus ordinairement. Elle est sur un endroit élevé et dans une charmante situation, d'où l'on découvre tout Pétersbourg, quoiqu'il soit à vingt-deux verstes, ou cinq lieues et demie de France. Les autres maisons les plus considérables sont Péteroff et Oranienbaon sur le bord de la mer. Dans ces villas impériales, on voit la cour à son aise. Mais, pour qu'elle ne soitpas fatiguée par la foule des curieux, les au- berges ont ordre de ne garder qu'un jour les mêmes per- sonnes qui vont présenter des placets. Le ministre ou le commis, pour s'en débarrasser, les renvoie au lendemain; et, dès le soir, on leur signifie qu'il faut déloger. « Pour bien voir les appartements de Sarskosolo, ou Ãsarkoë-Sélo, le Versailles russe, j'y ai été cet hiver avec un architecte de la cour. Nous n'avons mis que soixante- (1) Le mot honnête était, avant la Révolution, synonyme du mot commxe il faut, usité actuellement.