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78 ÉCUELY. Le robur latin, francisé rouvre, roure, a, par l'affaiblisse- ment de sa labiale, nommé Rouvre, Rouvrée, Reyvroz,Ravorée, Rovérée, les Révères (la Rouvoura), et Reyrieux (Rariacum , Reyriacum), que nous croyons identique au Reyrieux de la Bourgogne nommé Rouvra, Rowa, Roriacuin, Ruburea, à robore. Le bois de Boulogne, à Paris, s'est appelé successivement Rou- vray, Rouvre, Roure; et le nom de votre serviteur, Messieurs, s'écrivant autrefois Ravra, également d'origine bourguignonne, pourrait, ce nous semble, aussi dériver de robur. Mais ce qui est certain, c'est que l'amiral Duquesne descend directement de notre vieux quesne français. Le radical celtique deru, derv, dar, dars, de la même famille que le drus grec (Ap-Sç), équivaut à quercus. robur, dans la basse latinité. On le trouve dans Dardilly (de Darsiliaco, Dar- dilliaeum), Dracé (de Traceii), Droisy (Truceiacum), Troinex et Troynay (Tronacum, Troinacum), Ternay (Tadernacus), Trades, Trabes; et, par la prononciation jiotante du d et du z en ;", dans le Jar, Jarvanoz, Jarvonaz, Jarrie, la Haute-Jarrie, laBasse- Jarrie, Jarnioux (Jamaionens). Par métathèse et renforcement du d, darv est devenu trav, trab, mot qui en ancien français signifie un grand arbre, et, en prenant la partie pour le tout, le tronc même de cet arbre, une poutre, une pièce de bois, upe travée, un travon, enfin le tra de notre langue vulgaire. Le trab celtique a son représentant dans le latin irabs, trabis, avec le même sens et la même signifi- cation. Notre patois derbès ou darbès provient bien certainement de detv, derb, variante de deru. Il désigne une forêt dans le sens absolu du mot; c'est l'arbre par excellence. En Bugey, patrie des belles forêts de chênes, derb a formé Derbit, le Grand et le Petit Derbit; Dergit, Dergit-le-Grand et Dergit-le Petit; les Dar- bonnets, la Oarbonnière. En Savoie, où le sapin et le mélèze sont dans toute leur splendeur, il est employé naturellement à l'appellation de ces magnifiques végétaux qui font l'ornement et la richesse des hautes montagnes. On y voit la forêt, des Grands-Darbes et celle des Petits-Darbes, le lac , le ruisseau et plusieurs hameaux de Darbon, les Darbelais, le Darbeley, le Dar- betan, le col de Derbetan, etc. Derv a son similaire en Champagne dans la grande forêt de Derf, le Dervensis saltus des anciens titres, Il a engendré les Dervones, nymphes gauloises protectrices des forêts et sœurs des Dryades grecques. Les druides doivent aussi leur nom, selon toute apparence, à l'arbre sacré, au chêne ou deru, sous l'om- brage duquel s'élevaient leurs autels et se célébraient leurs mystères. Le baron RAVERAT.