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BIBLIOGRAPHIE. 321 En ce qui concerne le côté moral qu'on ne doit jamais négli- ger dans une œuvre littéraire, les lecteurs de La Fleur de Thym conviendront que rien n'est plus moral que la doctrine qui s'en dégage. Devant le magnifique tableau de cette « vie sous le ciel », devant ces grandes et simples figures, devant ces sacri- fices et ces dévouements qui s'ignorent, nous nous sentons grandir insensiblement, nous prenons meilleure opinion de nous-mêmes et, par suite, nous nous trouvons plus forts pour soutenir l'éternelle lutte de la passion et du devoir. On le voit, le roman ainsi traité, loin d'être comme à l'ordinaire un agent de corruption serait un principe moralisateur par excellence. Le croirait-on cependant, on a reproché à Mme Sebran, la viva- cité de certaines peintures. Des esprits timorés à qui le bruit d'un baiser donne le vertige auraient voulu la suppression des plus belles scènes de Rousou. Qu'il nous soit permis de pro- tester hautement contre ces scrupules exagérés. Nous croyons qu'on peut sous ce rapport se ranger aveuglément à l'avis de Corneille, de Racine, de Boileau : L'amour exprimé chastement N'excite point en nous de honteux mouvement. Pourquoi donc certains critiques s'obstinent-ils à bannir le cœur de notre littérature? Quel résultat pourrait-on espérer d'un roman façonné sur le modèle qu'ils nous imposent? Tout au plus servirait-il de lecture édifiante aux petites pensionnaires d'un couvent. Mais, quand un auteur écrit pour tout le monde, il doit changer de système, il doit nous montrer autre chose que les moutons enrubannés de Florian et les luttes des saints de la légende avec l'esprit malin; car en vérité Ce n'est point un objet à présenter aux yeux Que le diable toujours hurlant contre les cieux. N'écrivant pas pour les religieuses d'un monastère, mais s'adressant plutôt à des lecteurs imparfaits, il doit leur rendre la morale agréable en la parant de fleurs. « Ainsi, dit Le Tasse, nous présentons à un enfant malade les bords d'un vase arrosés