Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
08                    MADEMOISELLE DE VIRIEU.              •

du-Pin, et que son frère commençait de la manière la plus bril-
lante sa carrière diplomatique (1), Mllc de Virieu, qui s'était
crée une existence indépendante, attirait à temps et y retenait,
par les charmes de son esprit, des hommes tels que Joseph
de Maistre, Alphonse de Lamartine, et quelques autres d'un
mérite encore éclatant quoique secondaire, tels que le mar-
quis d'Azegîio, le comte Balbo, et plusieurs de ces libéraux
piémontais qui conspiraient alors pour la monarchie constitu-
tionnelle. Il y avait, dans ces jeunes hommes, tant de candeur,
tant de bonne foi, tant d'ardeur généreuse que, tout en combat-
tant leurs doctrines, elle avait pour leurs personnes un mélange
de bienveillance et de sympathique commisération..
   Peut-être se souvenait-elle que son père avait cru jadis aux
principes et aux promesses de 1789. Mais lui au moins défendit
toujours l'indépendance de la royauté, et il sut mourir pour elle.
    C'est de 1819 à 4820 qu'eut lieu, à Turin, l'explosion révolu,
tionnaire sous les auspices du prince de Carignan, qui fût de-
puis Charles-Albert.
    Déjà, à cette époque, M',e de Virieu avait vu, en France, deux
restaurations. Sa parenté avec M. de Blacas aurait pu lui ouvrir
le chemin de la cour, en 1814 ; peut-être est-ce alors que des
partis brillants lui furent proposés : il n'eût tenu qu'à elle de
devenir princesse de la T....J Mais elle refusa absolument de se
marier. Elle voulait, tout en continuant de cultiver les arts, aider
sa sœur et son frère dans l'éducation de leurs enfants : son cœur
avait besoin de se dévouer autant au moins que son intelligence
 de se développer et de se nourrir. Dans l'hiver de 1815 à 1816,
 elle alla à Paris, chez soi beau-frère, M. de Quiusonas, qui avait
 été nommé député de l'Isère, et qui recevait chez lui les plus
célèbres députés de la dîoite. Là, elle entendit agiter de grandes
 questions politiques ; mais elle pouvait alors, non pas simplement
 écouter, comme dans son enfance à Lausanne, mais donner son
 opinion, qui était comptée et appréciée. Elle était royaliste

  (1) M. de Virieu remplit avec beaucoup de distinction les fonctions de
secrétaire d'ambassade au Brésil : il y fut quelque temps chargé d'affaires.