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270 INSCRIPTIONS GRÉCO-LATINES. de poser [ce monument] s'occupa et sous l'ascie [elles deux] ont dédié [lui]. Adieu, [âme] pure! Sois heureuse, [âme] pure! Adieu vaillant cœur !- Sois heureux, vaillant cœur ! Une dernière considération : deux circonstances révélées par le texte objet de ce paragraphe, me 'font regarder comme atta- chés à la foi chrétienne Exomnus et la famille dans laquelle il prit une épouse : l'omission de la formule Dits Manibus, qui accompagne ordinairement les dédicaces sub ascia, et l'emploi insolite du qualificatif mystérieux BENAH « âme pure, » for- mule équivalente des termes latins anima sancta « âme sainte » inscrits sur plusieurs sarcophages appartenant à l'antiquité chrétienne (1). Le christianisme d'Exomnus et de la gens Tertinia,'que rien n'annonce avoir été trop dissimulé, s'explique parfaitement quant à Victorine ; cette matrone tenait par sa mère ou son aïeule à une famille hellénique venue à Lugdunum d'une con- trée où l'Evangile comptait de nombreux adhérents. C'était TERTIMA AMABILIS autrement CYPSELA, de nation grecque, née à Nicomédie. Douce, pieuse, chaste, elle apporta dix-huit ans de bonheur terrestre à son époux TERTINICS CATUSSIVS vétéran de la vm s légion Augusta. En mourant, elle ne dut laisser que des enfants en bas âge, à ce qu'il semble, car son mari figure seul dans l'inscription du tombeau qu'il fit préparée pour elle, pour lui et pour ses descendants. Ce mari devait être un homme inculte, étranger sans doute, s'il a dicté lui-même, ce qui est probable, les incorrections et les solécismes épigraphiques de son monument. Toutefois, il vivait dans le paganisme, ou n'ayant d'autre ressource que son annone priviligiée de vétéran, il déro- bait avec soin sa croyance. La formule Diis Manibus a. été main- tenue en tête du texte où j'ai puisé ces détails. Je le donne en entier. |2(1) Anima sancta fait partie de souhaits divers, celui-ci entre autres : anima sancta salve, bihas (vifss) jn Chriitof