page suivante »
NOTICE SUR E.-L.-M. PATRIN. 305 cette force émanée d'un ensemble d'aptitudes ne deman- dant que les moyens et l'heure de s'appliquer ; voix puis- sante et mystérieuse qui aide à franchir les obstacles infranchissables pour le vulgaire, qui encourage et sou- tient dans les luttes de l'adversité? Pas plus que Boileau, il n'avait puisé dans les dossiers paternels le goût de la chicane et de la basoche. Doux, timide, simple, rêveur, ennemi du bruit, d'une exquise sensibilité, d'une vive imagination, d'un sens investigateur,. il se sentit, dès l'enfance, enclin auxvoyages, aux explo- rations, à la recherche de l'inconnu. Aussi, malgré les observations de ses parents, il suivit les cours de phy- sique ; et dès qu'il eut achevé ses classes , où il étonna par ses succès, il résolut d'aller dans le nord de l'Europe contrôler des hypothèses et recueillir des faits propres à éclaircir l'histoire du globe. Il avait vingt et un ans.Ce pro- jet devait être ajourné jusqu'à la mort de son père, à plus de quatorze ans ensuite, et lui permettre d'acquérir entre autres le titre d'avocat, dont il ne se servit jamais. Ni conseils, ni supplications ne purent le détourner et il partit de sa ville natale le 28 juillet 1777, au moment où Franklin, délégué par les treize Etats d'Amérique qui venaient de déclarer leur indépendance, se rendait en France pour demander du secours. Louis XV était mort, les haines qu'il avait allumées semblaient éteintes ; et quoique son successeur eût re- cueilli un lourd et pénible héritage, il promettait un règne heureux. A peine monté sur le trône, celui-ci avait remis à ses sujets le droit féodal, puis levé les défenses portées contre les livres irréligieux : préludant ainsi à la suppression du droit d'aubaine, au renoncement du droit de main-morte, à l'établissement des assemblées provin- ciales, à l'abolition de la qualité de serfs, des juridictions