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306 NOTICE SUR E.-L.-M. PATIUN. seigneuriales, de la dîme, des jurandes, à l'institution du service hospitalier, etc., toutes réformes annonçant un prince bon, éclairé et libéral (l).Bien ne faisait pressentir les événements qui allaient bouleverser l'Europe. Si quel- ques-uns, plus perspicaces, en avaient une vague intui- tion, les savants ne s'en doutaient guère et poursuivaient leurs recherches, les yeux fixés sur leurs livres, leur attention sur la nature. Notre touriste se présenta chez le marquis de Dolo- mieu en effleurant le Dauphiné, alla visiter à Genève Voltaire déjà très-malade, se dirigea vers Berne où Haller lui remit des lettres de recommandation, traversa l'Autriche, tourna la Hongrie; puis, ayant rencontré à Vilna un évêque ami des sciences, s'arrêta en Po- logne où son compatriote Gilibert, naturaliste renommé, alors en haute faveur, venait d'organiser une école de médecine sous l'égide du roi Stanislas. Sa première étape dans l'empire des czars s'effectua à Grodno, où il arriva à la Toussaint. Il écrivit à sa mère : « Si quelque temps de ma vie a été employé utilement, ce sont ces cinq der- niers mois. La rigueur de la saison et mon peu de pen- chant pour la société m'ont laissé tout le loisir de me livrer à mes études chéries. Je vais les continuer sous un maître, dont les talents sont bien propres à seconder mes vues. Je me lie avec le célèbre Pallas. Mon intention est d'opérer ici mes premières herborisations. Un prélat m'ayant offert une place dans son carosse, j'en profiterai pour m'accélérer de trente lieues. Vous aurez certaine- (1) Les principes de 1789, bases de notre droit public intérieur, ne sont pas le programme et encore moins le monopole du parti républicain. M. Edgard Quinet, dans un très-beau livre sur la Révolution française, écrit que toutes les conquêtes réellement utiles et durables de cette révo- lution étaient faites dès le milieu de l'année 1789, c'est-à -dire sous le règne de Louis XYI. Et l'on sait si cet auteur est monarchiste ! (B.)