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i 268 INSCRIPTIONS GRéCO-LATINES. ce n'est aux formules helléniques inscrites dans les queues d'a- ronde; là , BENAFI reste h l'état d'interprétation douteuse, ou plu- tôt pressentie. C'est à cette incertitude que Monin s'est attaqué : dans l'expression incomprise, il crut apercevoir l'adjectif gaéli- que bennach « cornu, » en lui attachant l'idée de puissance qu'il possède chez plusieurs nations antiques, les Israélites entre autres (1). Bennw.h, de bm, benn,pen, penn, extrémité, pointe, tète, ne signifie cornu que par extension : une glose recueillie par Zeuss donne sronbennach^pivo/jpoç,\\X\èT. « nez- cornu (2). » Benuach, qui a son représentant dans le cymr. bannaivc, a bien par conséquent le sens indiqué par Monin, très-versé au surplus dans le néo-celtique irlandais. Autre chose est pourtant d'avoir une signification ou une signification applicable; ici, l'application était inadmissible. Pur grec, Ssvayt entraîne l'idée qu'avaient entrevue, d'après l'esprit général du texte, Comarmond, « bonne âme, » de Boissieu une épilhète « peut-être fort tendre, » et n'est autre qu'une forme vocative d'lv«7Àç, usit. pour luayÀç,pieux, saint, pur, précédé duFéoliqne prononcé b comme chez les Cretois et parfois chez les Doriens : crét. §v£s).ioç = g r . «slioç ; dor. Sei/a™ = éol. Psi/an. L'aspirée correspondante au digamma possède aussi le son b en macédo- nien : B/iiysf =• gr. ipvyeç, et en grec moderne, mais avec une nuance qui la rapproche de notre v : gr. 6âp6«poç = gr. mod, hypothét. f&pyapoi; (varvaros). BENAn, de même qu'ETTOti, est un vocatif irrégulier formé par l'affaiblissement en i de l'e primitif ou de la diphtongue cor- respondante : dor. -viavpsç = gr. réTTa/jïç; gr. %0eo--o'ç = yjh, etc. Cet affaiblissement affecte très-souvent, dans la Gaule romaine du moyen empire, le vocatif singulier des adjectifs grecs en oc, ou, etuç, £0{, consacrés aux formules votives ou religieuses, et des noms auxquels elles sont jointes. M. Chabo^uillet, qui l'a constaté à l'impératif singulier d'sùxu^lu « je suis heureux, » l'a (1) V. le recueil intitulé : Trav. archêol. de l'Âead. de Lyon, p - 127. (2) Zeuss, ibid., pp. 22 et 59.