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56                  MADEMOISELLE DE VIRIEU.

Pour ne pas se perdre, elle imposait à ses enfants et s'imposait
à elle-même les plus rudes privations.
   Enfin elle entend dire que son mari est vivant et qu'il a pu se
réfugier en Suisse. Alors elle parvient elle-même à se sauver et
à gagner Coppet toute seule en laissant ses filles à sa femme de
chambre, dans ce village de Saint-Germain où elle avait passé
près de six mois.
   A Coppet, elle trouva l'abbé de Virieu, son beau-frère, à qui
elle avait fait annoncer son arrivée ; « et Henri, lui dit-elle,
est-il ici? » L'abbé de Virieu fut obligé de lui dire qu'on lui
avait donné de fausses espérances et que tous ses renseigne-
ments concordaient, au contraire, à n'en laisser aucune.
   Quelle déeeption inattendue et quel affreux mécompte ! On
ne meurt pas de douleur, disait-elle souvent en pensant à ce
cruel moment. Elle employa toute l'énergie de son âme à domi-
ner son désespoir.

                              § III.

    Mme de Virieu avait eu de graves inquiétudes au sujet de son
jeune fils. Lejnaître de pension à qui elle l'avait confié s'était
 enfui pour n'être pas arrêté. Avertie de l'abandon où allait se
 trouver Henri de Virieu, Mme Journel, femme de cœur et de
 courage, partit de Grenoble pour aller le chercher à Lyon. Elle
le trouva isolé, presque sans ressources, ne sachant que deve-
nir; elle prit soin de lui et le ramena à Grenoble. Arrêtée pour
ses opinions anti-républicaines, elle confia son précieux dépôt
à une de ses voisines, qui fut emprisonnée elle-même, et l'en-
fant passa ainsi dans six mains différentes, jusqu'à ce qu'il fût
recueilli par Mme Rubichon, qui parvint à l'amener à sa mère
en Suisse.
   D'un autre côté, MIks Stéphanie et Emilie de Virieu vinrent,
sous la conduite d'une domestique fidèle, rejoindre leur mère
à Coppet.
   Cette épouse, si cruellement frappée, concentra sur ses en-
fants toutes ses affections. Ce fut pour elle une immense conso-