Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              *      MADEMOISELLE DE VIRIEU.                      57

  lation de les avoir réunis sains et sauf autour d'elle, après de si
  singulières et si cruelles péripéties.
     Tout en achevant son éducation, à laquelle Mme de Virieu
  donna tous ses soins, Mlle Stéphanie développa de plus en plus
  comme en se jouant i on talent pour le dessin. Elle n'avait pas
  encore huit ans qu'elle fit, dit-on, un portrait fort ressemblant
  de M. Necker.
     Dès ce jeune âge aussi, elle quittait tous les amusements et
 tous les jeux pour écouter, dans le salon de sa mère, les con-
 versations des émigrés, que les préoccupations de cette époque
 rendaient si palpitantes d'intérêt : son esprit se mûrissait avant
 le temps par l'attention sérieuse qu'elle prêtait non-seulement
 au récit des faits du jour, mais aux discussions politiques qu'ils
 faisaient naître. Au reste, sa mère, femme fort distinguée elle-
 même, guidait, sans l'enchaîner étroitement, cette inquiète et
 précoce intelligence.
    Dans ce petit ménage, la gêne, dit-on, se fit plus d'une fois
 sentir, et ces dames durent travailler pour vivre, comme le firent
 d'ailleurs beaucoup d'émigrés.
    Rien ne manquait donc à cette forte éducation du malheur, et
   1Ie
M Stéphanie de Virieu apprit à affermir son âme dans l'adver-
sité, en même temps qu'elle développait au plus haut degré les
facultés de son esprit, et ses brillantes dispositions pour les arts.
    Quand la Terreur eut cdssé, Mme de Virieu revint en France :
là, elle chercha à se rapprocher des terres de son mari. Ce»
terres avaient été confisquées, mais le nom et le souvenir des
Virieu qui avaient toujours eu en Dauphiné, depuis plusieurs
siècles, une popularité de bon aloi, devaient survivre pour eux
aux ruines révolutionnaires.
    Mme de Virieu se confina courageusement dans une masure
du village de Montievel, canton de Virieu. Là, elle eut encore à
souffrir, elle et ses enfants, du froid, sinon de la faim : ce n'est
que plus tard qu'elle put recouvrer une partie de sa fortune, et
racheter le château du Grand-Lemps
    Pendant que sa soeur, qui avait épousé M. de Quinsonas, se
fixait dans une autre partie de l'arrondissement de la Tour-