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POÉSIE. L'ENFANT AVEUGLE. Aux bords d'un ruisseau solitaire, Et dans le silence des bois, Un jeune enfant, assis par terre, Roulait des caillouxdans ses doigts. Son front décelait la pensée Qui l'agitait bien: tristement; Car sa tête était balancée Et comme folle, par moment. Il semblait regarder et rire Tout à l'entour, d'un air distrait ; Puis parler bas, comme pour dire A quelque fleur, quelque secret. Je regardais et n'osais faire Un pas de plus dans le chemin; Car c'était une grave affaire Que ces cailloux dans cette main. Et je disais, songeant aux choses Qui m'attristent à chaque pas, Mystères de Dieu dont les causes Ne s'expliquent point ici-bas : « 0 pauvre et douce créature Qui dans l'infini vas rêvant, Tu ne vois rien dans la nature ; Tu n'entends pas le bruit du vent.