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8 SAINT A VITE. Qui saura lire attentivement ces divers fragments n'hésitera point, a mon avis, à reconnaître, dans saint Avite, une éner- gie de pensée et de style, une délicatesse de sentiment et de goût, une sévère réserve dans les_ développements artifi- ciels, une rigoureuse fidélité aux traditions chrétiennes, enfin une inspiration religieuse, qu'on ne rencontre pas tou- jours dans Milton. Le morceau dont je vais avoir l'honneur de vous lire une imitation en vers n'est pas à coup sûr lé plus remarquable des poésies de saint Avite ; il est pris comme au hasard (c'est le commencement du premier poème), et je suis loin de me flatter d'avoir su reproduire toutes les beautés de l'ori- ginal. L'épître dédicatoire est adressée à Apollinaire, évêque de Valence, frère de l'auteur. « Au très-saint en Jésus-Christ, très-bon et bienheureux Apollinaire, évêque ; Alcimus Ecdicius Avitus, son frère. Cédant aux sollicitations de mes amis, j'ai naguère affronté les périls d'une publication, en éditant, en un volume, quel- ques-unes de mes homélies. 11 faut donc qu'aujourd'hui, entraîné par tes instances, j'aille plus loin encore, et qu'avec une témérité sans égale, j'ose me produire en public, chaussé du cothurne. Tu m'ordonnes en effet de réunir tout ce que j'ai pu écrire en vers, sur toutes sortes de matières, et de le publier en forme d'opuscule dédié à ton nom. Je ne saurais le nier, j'ai fait beaucoup de vers; si l'on rassemblait tous les épigrammes de ma composition, ils for- meraient un juste volume. Mais, tandis que je songeais à les classer par ordre de date et suivant les matières, ils se sont presque tous égarés, au milieu des troubles récents et de nos calamités que personne n'ignore. 11 m'eût été fort difficile de les rechercher un à un, et sans doute impossible de les