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                  UNE NOCE
                             DANS



   UN VILLAGE DU MAÇONNAIS
                             (SUITE).




                              II.

   M. Girard, le plus riche propriétaire de Léontaud, habitait
Lyon pendant l'hiver et passait toute la belle saison aux
Grandières. Il avait à Lyon une réputation d'originalité, car
il ne causait guère ni politique, ni affaires de Bourse, ni
sériciculture, ni sermons. Le principal trait de son caractère
était une certaine indulgence narquoise qui n'approuvant et
ne désapprouvant violemment aucune chose, faisait réfléchir
les habiles et permettait eux gens superficiels de mettre en
doute la profondeur de son esprit. Ces gens là ne compre-
naient pas que celte bonhomie était pour ainsi dire le fourreau
dont s'enveloppait la finesse la plus déliée. Resté veuf de
bonne heure, M. Girard avait, au dire de ses amis les plus
sages, montré une grande présomption en osant se charger
de l'éducation de sa fille. Quant à son fils, de quinze ans plus
âgé que sa jeune sœur, il étudiait la médecine à Paris à l'épo-
que où son père prit la résolution courageuse de mener à
bien une telle entreprise.
   Disons tout d'abord que M. Girard réussit. Louise était à
vingt ans une charmante jeune fille , simple sans affectation